description de l'Élysée par Homère :

Odyssée Chant IV lien externe

560   « Σοι δ᾽ οὐ θέσφατόν ἐστι, διοτρεφὲς ὦ Μενέλαε,
Ἄργει ἐν ἱπποβότῳ θανέειν καὶ πότμον ἐπισπεῖν,
ἀλλά σ᾽ ἐς Ἠλύσιον πεδίον καὶ πείρατα γαίης
ἀθάνατοι πέμψουσιν, ὅθι ξανθὸς ῾Ραδάμανθυς,
τῇ περ ῥηίστη βιοτὴ πέλει ἀνθρώποισιν·
565   οὐ νιφετός, οὔτ᾽ ἂρ χειμὼν πολὺς οὔτε ποτ᾽ ὄμβρος,
ἀλλ᾽ αἰεὶ Ζεφύροιο λιγὺ πνείοντος ἀήτας
Ὠκεανὸς ἀνίησιν ἀναψύχειν ἀνθρώπους·
οὕνεκ᾽ ἔχεις Ἑλένην καί σφιν γαμβρὸς Διός ἐσσι ».

 

Quant à toi, ô Ménélas, roi chéri de Jupiter (sic), ta destinée n'est point de périr dans Argos où paissent les coursiers, ni de trouver la mort en ces lieux : les immortels te transporteront dans les Champs-élyséens situés vers les confins de ta terre, et où siège le blond Rhadamanthe. Là, des jours heureux sont accordés aux humains ; là, tu n'auras jamais ni neige, ni pluie, ni longs hivers ; mais l'Océan t'enverra le souffle du zéphyr au doux murmure, du zéphyr qui apporte aux hommes une délicieuse fraîcheur ; puisque tu es l'époux d'Hélène, la fille du puissant Jupiter.

traduction d'Eugène Bareste, 1841

Atrée, roi d'Argos, avait perdu son trône mais ses fils Ménélas et Agamemnon en reprirent possession, ce dernier gardant le trône d'Argos et Ménélas devenant roi de Sparte. "Périr dans Argos" (en s'adressant à Ménélas) veut donc dire mourir où l'on est né. Ce qui pour les Grecs n'est pas une fin heureuse; il est bien préférable de mourir de façon héroïque : selon Ménandre, "celui qu'aiment les dieux meurt jeune" ( Ὅν οἱ θεοὶ φιλοῦσιν, ἀποθνήσϰει νέος). On remarque que Bareste, au lieu de Zeus, utilise le nom latin de Jupiter.

"Argos où paissent les coursiers" est l'épithète homérique d'Argos, plus souvent traduite par "Argos nourricière de coursiers".

Après une vie vertueuse, Rhadamanthe, fils de Zeus et d'Europe, devint un des juges des Enfers. Il y règne sur les Îles Bienheureuses.

Dans son texte, Homère ne répète pas zéphyr; sa phrase est longue et inversée : "le zéphyr doux que fait souffler le (dieu) Océan, (qui) apporte la fraîcheur aux hommes". Le traducteur a choisi une tournure allégée, en coupant la phrase et en répétant zéphyr comme sujet de la seconde partie.

Excusez ce commentaire un peu pédant, rédigé en souvenir d'avoir vu Mycènes dans son linceul du temps, l'Argos nouvelle et Tyrinthe aux forts murs, la désolée. Ces allusions auraient été transparentes pour chacun de mes condisciples de classe d'humanités. Mais, après nous, qui les saisira ?

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