Parcs majeurs disparus
temple dans la propriété de Mme Groulois
dans le jardin, le petit temple de Bacchus
 
L'hôtel Beaumarchais


historique
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vues anciennes
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inscriptions

 

Les promoteurs les plus éminents des idées nouvelles ne faisaient pas tous, et loin de là, profession de simplicité et d'amour de la nature comme Jean-Jacques Rousseau. Voltaire met les choses au point : "j'aime le luxe, et même la mollesse" (Le Mondain lien externe). Beaumarchais est de cette veine : éclairé, mais avide de jouir de l'aisance.

Caron de Beaumarchais (1732-1799) fit donc appel à l'architecte Lemoine lien externe dit le Jeune ou Le Romain pour construire sur le boulevard Saint-Antoine (qui par la suite prit le nom de Beaumarchais grâce à la délicatesse de nos édiles), une demeure projetant à dessein une image d'extraordinaire. Les jardins semblent dus à François-Joseph Bélanger.

L'étroite parcelle, achetée en 1787, mesurait environ trente-cinq mètres sur deux cents; elle s'étendait de l'actuel boulevard Beaumarchais au boulevard Richard Lenoir, très près de la Bastille. Du côté Bastille, l'entrée du jardin présentait un décor d'une grande extravagance : le mur sur rue ressemblait à une terrasse italienne, avec deux statues en saillie faisant pendant. Par-dessus, on pouvait apercevoir une importante calotte nord de globe terrestre posée sur une rocaille et surmontée d'un génie ailé doré. Au-delà s'étendait le jardin formé d'allées sinueuses qu'enjambait un pont chinois. On y trouvait un petit temple grec "de Bacchus" à quatre colonnes sur un promontoire et une grotte de rocaille au bord d'une pièce d'eau. À l'autre extrémité, l'hôtel présentait sur jardin un hémicycle en renfoncement, complété par une colonnade circulaire à l'italienne en avancement, qui formait à sa partie supérieure une promenade au niveau du premier étage. Beaumarchais avait, comme c'était la mode, multiplié des inscriptions, anecdotiques pour certaines, ou plus sentencieuses.

Au printemps 1789, Beaumarchais donna une fête pour l'inauguration de son hôtel, présidée par le duc d'Orlénas.

De retour d'exil en 1796, Beaumarchais s'installa dans son hôtel. Il mourut dans la gêne trois ans après, à l'âge de 77 ans.

L'ensemble fut détruit en 1826 lors du percement du canal Saint Martin.


Sources

 


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liens externes

 


Texte de Dominique Césari, droits réservés
Dernière mise à jour: samedi 29 mars 2003

Vues anciennes

Très exceptionnellement, j'affiche des vues anciennes pour cet hôtel disparu, puisqu'il est impossible d'en témoigner par des photographies actuelles. Ces vues proviennent du site Gallica lien externe de la BNF. Elles y sont signalées libres de droits; pour autant, leur reproduction commerciale ne serait pas possible. Je ne les affiche ici que parce qu'elles sont présentées dans des pages dynamiques vers lesquelles on ne peut pas pointer directement.


 

entrée de l'hôtel Beaumarchais

© Gallica

le jardin

 

Ces deux aquarelles, qui font partie du fonds Hippolyte Destailleur lien externe, sont attribuées à Bélanger. Je ne vois pas ce grand architecte les peindre pour un autre motif qu'illustrer un projet. Quel que soit le soin mis par la suite, l'ouvrage exécuté peut présenter des décalages par rapport aux esquisses.

L'artiste donne d'ailleurs au jardin une perspective flatteuse. Il paraît fort large, alors que c'était une bande étroite. Sur la vue de l'entrée agrandie, on voit nettement le pignon arrière du temple à droite de la petite galerie. C'est très exagéré; vu l'angle choisi, le jardin part en biais vers la gauche, et le pignon devrait, sur cette vue, se situer à l'extrémité gauche de la galerie.

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Inscriptions rapportées dans l'Histoire de Beaumarchais page 388 et suivantes :

On plantait alors le jardin de la maison qu'il faisait construire : il écrivit sur la porte :

Ce petit jardin fut planté
L'an premier de la liberté.

Les bosquets offraient partout des témoignages de sa sensibilité. Il avait inscrit au bas d'une statue de l'Amour :

Toi qui portas le trouble en plus d'une famille,
Je te demande, Amour, le bonheur de ma fille.

Dans un autre bosquet, il suspendit le médaillon de son ami, M. Dupaty, auprès de la statue d'une jeune fille en larmes, et mit au bas :

Et nous aussi, nous le pleurons.

Sous une voûte obscure, il éleva un sarcophage à la mémoire de M. Duverney, avec ce vers :

C'est par lui que je vaux, si je vaux quelque chose.

Sur le frontispice d'un petit temple consacré à la gloire de Voltaire, on lisait :

Il ôte aux nations le bandeau de l'erreur.

 

Dans un autre bosquet, il mit ces vers remplis d'un sentiment qu'éprouvent trop souvent les vieillards qui ont consumé leur vie dans le tumulte des affaires.

Adieu, passé, songe rapide
Qu'anéantit chaque matin ;
Adieu, longue ivresse homicide
Des amours et de leur festin;
Quel que soit l'aveugle qui guide
Ce monde, vieillard enfantin,
Adieu, grands mots remplis de vide.
Hasard, providence, destin.
Fatigué, dans ma course aride,
De gravir contre l'incertain,
Désabusé comme Candide
Et plus tolérant que Martin,
Cet asile est ma Propontide :
J'y cultive en paix mon jardin (i).

 
 

(i) Ces vers, transcrits par l'auteur sur l'album d'un Suédois nommé J. A. Lindahl, qui vint à Paris dans les dernières années du siècle et mit à contribution les gens célèbres auxquels il put se faire présenter, y sont précédés des deux lignes suivantes, dont je respecte l'orthographe et la ponctuation : " Vous arrivés trop tard en France Monsieur Lindal pour avoir autre chose de moi"

 

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