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La page libertine des parcs à fabriques

sur l'échelle des libidos :

Duc de Richelieu
Duc de Chartres
Racine de Monville
Catherine II
Bergeret de Grancourt père
Comte d'Artois
Beaujon
Duc de Choiseul
Louis XV
Hérault de Séchelles
 
 
Le souper fin
Moreau le Jeune :   Le souper fin (détail)
 

et :

Gustave III de Suède
Le Peletier
Baudard de Sainte-James
Prince Louis-Joseph de Condé
Jean-Jacques Rousseau
Marquis de Laborde
Duc de Penthièvre
Marquis de Girardin
Louis XVI
Marie Antoinette
 

Duc de Richelieu (Pavillon de l'Aurore à Gennevilliers) libido : 10

Penchants : mondain avec panache, séducteur, parties fines, amateur de filles débauchées. Sur le tard : vieillard libidineux

Le duc de Richelieu (1696 - 1788), maréchal de France, était un des personnages les plus en vue du royaume, puissant, riche et homme d'esprit. Il se voulait aussi grand séducteur. Il avait commencé jeune et poursuivit longtemps. À 15 ans, il fut embastillé 14 mois pour s'être montré trop empressé auprès de la duchesse de Bourgogne. Il se maria trois fois, la troisième à 84 ans. Marie-Antoinette, amusée, lui demanda : « Il paraît que Madame la duchesse est enceinte ? » « Eh! bien dit le duc, je ne suis pas au courant, mais peut-être est-ce d'hier soir ou de ce matin ... ». Mais il n'était pas bel homme et ses entreprises galantes n'avaient pas tout le succès escompté; il menait donc l'essentiel de sa débauche avec des filles de plaisir. Il eut un procès avec une mère maquerelle pour 100 000 livres de billets à ordre qu'il aurait consacrés au défraiement des services d'icelle et qu'il ne reconnaissait pas.

La tradition, reprise en de nombreux ouvrages, lui prête peut être un tout petit peu trop. Tout de même, sur une trentaine de cartons de ses archives personnelles, la bibliothèque de la Sorbonne en compte 8 de lettres galantes ! On appelait "pastilles à la Richelieu" un aphrodisiaque à la poudre de cantharide (3), en fait un irritant des voies urinaires. Le duc fit construire le pavillon de l'Aurore pour donner un raffinement supplémentaire à ses soirées fines : la cuisine était au sous-sol, une table élévatrice permettait de faire monter les plats au salon; de même les musiciens se tenaient au sous-sol et le son montait par de conduits acoustiques. Ainsi, les invités se tenant à l'étage noble pouvaient "s'y délasser sans contraintes", selon la jolie formule du dépliant officiel suédois décrivant ce type de dispositif à Drottningholm. Sur la fin, le duc fut puni par là où il avait pêché : vers ses 90 ans on dut l'amputer du membre, atteint d'infection. Je vous laisse imaginer la cautérisation de la plaie. La partie coupée était dans un bocal sur une étagère de sa chambre.

Nota : les "pastilles à la Richelieu" s'appellent également "dragées d'Hercule". La "mouche cantharide" lien externe est un insecte. On en fait une préparation officinale vésicante en la réduisant en poudre, puis en extrayant le principe actif. Elle était tenue depuis l'antiquité pour un puissant aphrodisiaque lien externe. Il n'est pas sans dangers. Ces produits naturels puissants, bénéfiques à petites doses, sont des toxiques. Voir à ce propos le "Traité des poisons" de M. Orfila, tome II, troisième édition de 1826, qui y consacre une quarantaine de pages - avec des cas du 16ème siècle à son temps (certains d'empoisonnement, d'autres d'effets aphrodisiaques ayant dérapé, dont celui d'une femme vénale qui avait voulu réveiller les ardeurs d'un abbé ! in fine du cas : M. l'abbé ne laissa de mourir avec gangrène de la verge. Et partant ne conseille à telles dames de prendre telles confitures et moins encore en donner à homme viuant pour les accidens qui en adviennent). Dans "Le Scarabée et les Dieux" (1995), Yves Cambefort mentionne la cantharide.

Pour les filles débauchées, voir deux des plus célèbres mères maquerelles : Justine Paris lien externe et Marguerite Gourdan lien externe.

 

Duc de Chartres, puis d'Orléans (Parc Monceau) libido : 9

Penchants : mondain, séducteur, parties fines, maîtresse sous le toit conjugal.     Passion : le jeu.

Compagnon de débauche de Monville. Avait pour maîtresse Madame de Genlis, qui avait refusé la demande en mariage de Monville car trop peu homme de cour : la position de maîtresse d'un grand était donc plus glorifiante. Madame de Genlis était préceptrice des enfants du duc, alibi idéal pour être sous son toit.

Le duc était un des grands libertins de Paris. À la belle saison, il paraissait régulièrement à la promenade du jardin des Tuileries, à la fois haut lieu mondain et de drague, y rencontrait ses compagnons de débauche, puis disparaissait pour la nuit avec des rencontres féminines plus ou moins vénales. Selon le rang de leurs conquêtes, ils se rendaient dans une de ses résidences (dont le pavillon de Monceau) ou dans de luxueux lieux d'accueil tels que l'hôtel des Bains (tout un programme ...), dont il était un habitué.

Ce détour par les Tuileries me donne l'occasion de signaler que la promenade du bord de l'eau était déjà le lieu de prédilection des homos, on disait alors les guèbres (le sens propre de zoroastrien avait été décalé). Je suggère de mettre à la mode l'interjection "Ah !, le guèbre !", qui permettrait de rester de bon ton, à la place de celles que l'on entend trop souvent, en particulier dans la bouche des conducteurs d'automobiles.

 

Racine de Monville (Désert de Retz) libido : 9

Penchants : mondain effréné, séducteur, parties fines, collectionneur de demoiselles débauchées.   Passions : le jeu, la danse, la musique, le sport dirait-on aujourd'hui, son parc.

M. de Monville était très beau et incroyablement doué dans des arts essentiels à la séduction : la danse et la musique. Il passait pour le meilleur danseur de la Cour. L'importance s'en mesure au fait que Louis XIV lui-même consacrait plusieurs heures par jour à s'entraîner pour la danse et parut sur scène à Versailles dans des ballets.

Aussi, M. de Monville eut d'innombrables maîtresses, dont Melle Du Barry, favorite royale, et Mme d'Esparbès (1), autre maîtresse de Louis XV. Même si elle ne constitue pas une certitude historique, on ne peut manquer de citer l'anecdote rapportée par Chamfort : « Madame d'Esparbès couchant avec Louis XV, le roi lui dit: Tu as couché avec tous mes sujets. - Ah ! Sire ! - Tu as eu le duc de Choiseul. - Il est si puissant ! - Le maréchal de Richelieu. - Il a tant d'esprit ! - Monville. - Il a une si belle jambe ! - À la bonne heure; mais le duc d'Aumont, qui n'a rien de tout cela ? - Ah ! Sire, il est si attaché à Votre Majesté ! » (2)

Mais M. de Monville ne se contentait pas de séduire les dames du monde. Il aimait à renouveler ses partenaires et faisait venir des prostituées, pour dire le mot. Dufort écrit à son propos : "Il avait mangé jusqu'à son dernier écu et ne laisse que des dettes. Après avoir sacrifié à toutes les filles dont il changeait à chaque nuit, il vivait depuis six ans avec une jeune personne des petits spectacles." Comprendre une prostituée que, désargenté et vieillissant, il entretenait et auprès de laquelle il passa ses jours d'agonie. Les rapports de police confirment amplement son mode de vie.

M. de Monville mérite bien ses 10 de libido, mais n'est pas pour autant un simple jouisseur : il fut blessé du refus de Mme de Genlis de l'épouser et garda avec Mme du Barry une longue amitié.

Nota : Mesdames d'Esparbès et d'Amblimont étaient les deux aides manœuvrantes de Madame de Pompadour, qui, en compagnie, les appelait "mes petits chats" et dans l'intimité "mon torchon et ma salope". Mme d'Amblimont était le torchon. Au décès de Madame de Pompadour, qui faisait tandem politique avec Choiseul, Madame d'Esparbès accepta de changer de camp et fut poussée dans le lit du Roi par le clan anti-Choiseul.

Deuxième nota (je ne résiste pas à la commodité de l'écriture électronique, qui autorise à délayer à l'infini) vous aurez remarqué que les quatre personnages cités ont tous eu un parc à fabriques. Choiseul (Pagode de Chanteloup), Monville (Désert de Retz), Richelieu (Pavillon de l'Aurore à Gennevilliers), Aumont (Guiscard).

 

Catherine II (Tsarskoïe Selo) libido : 9

Penchants : les hommes bien bâtis (avec une attention pour là où la masculinité doit être).   Passion : le pouvoir.

La tsarine de toutes les Russies, qui avait rapidement conquis le pouvoir en faisant disparaître son époux, n'avait pas un tempérament à supporter l'abstinence. Tout y passait : des favoris, ses gardes. Elle avait constitué une garde allemande, dont les hommes étaient choisis pour leur belle taille. Elle se jetait régulièrement sur l'un ou l'autre. Malheur à ceux qui n'assuraient pas, et, en général, pour ses favoris quand elle s'en lassait. Quand on a fait assassiner un mari, on ne va pas s'embarrasser d'un favori en disgrâce ?

Comme d'autres souverains ou grands, Catherine II passe pour avoir apprécié les curiosas et lieux ornés, avec la même démesure dont elle fit preuve pour ses autres caprices. Mais, comme beaucoup de trésors plus licites, les restes éventuels ne sont pas réapparus après la seconde guerre mondiale. Tout ce qui n'avait pas été mis à l'abri avant le siège de Léningrad (Saint-Pétresbourg) fut saccagé. La maison Henryot a recréé deux pièces de mobilier érotique de Catherine II lien externe.

 

Bergeret de Grancourt père (?) (Cassan) libido : 8

Penchants : sado-masochiste passif (?).     Passion : la peinture.

Le fait n'est pas avéré, la preuve est même assez ténue. Mais je ne peux manquer de signaler la mention croquignolette que Sade (eh oui, le divin marquis lui-même) rapporte dans "Les Cent-Vingt Journées de Sodome". Il y cite "le vieux fermier des postes ... Grancourt", dans une scène sado-masochiste hyperbolique de la 24ème journée, que m'a révélée le moteur de recherche Google lien externe.

Un jour, dit cette belle fille, que je soutenais à une de mes compagnes en maquerellage que j'avais sûrement vu, en fait de flagellations passives, tout ce qu'il était possible de voir de plus fort, puisque j'avais fouetté et vu fouetter des hommes avec des épines et des nerfs de bœuf: "Oh, parbleu! me dit-elle, pour te convaincre qu'il s'en faut bien que tu aies vu ce qu'il y a de plus fort en ce genre, je veux t'envoyer demain une de mes pratiques. Et m'ayant fait avertir, le matin, de l'heure de la visite et du cérémonial à observer avec ce vieux fermier des postes, qui se nommait, je m'en souviens, M. de Grancourt, je préparai tout ce qu'il fallait, et j'attendis notre homme; c'était à moi qu'il devait avoir affaire, la chose était ainsi arrangée. Il arrive, et après nous être enfermés: "Monsieur, lui dis-je, je suis désespérée de la nouvelle que j'ai à vous apprendre, mais vous voilà prisonnier, et vous ne pouvez plus sortir d'ici. Je suis désespérée que le Parlement ait jeté les yeux sur moi pour exécuter votre arrêt, mais il l'a voulu ainsi, et j'ai son ordre dans ma poche. La personne qui vous a envoyé chez moi vous a tendu un piège, car elle savait bien de quoi il était question, et certainement elle aurait pu vous éviter cette scène. Au reste, vous savez votre affaire; on ne se livre pas impunément aux crimes noirs et affreux que vous avez commis, et je vous trouve fort heureux d'en être quitte à si bon marché." Notre homme avait écouté ma harangue avec la plus grande attention, et, dès qu'elle fut finie, il se jeta en pleurant à mes genoux, en me suppliant de le ménager. "Je sais bien, dit-il, que je me suis grandement oublié. J'ai puissamment offensé Dieu et la Justice; mais puisque c'est vous, ma bonne dame, qui êtes chargée de ma correction, je vous demande avec instance de me ménager. -Monsieur, lui dis-je, je ferai mon devoir. Que savez-vous si je ne suis pas moi-même examinée, et si je suis maîtresse de me livrer à la compassion que vous m'inspirez? Déshabillez-vous et soyez docile, c'est tout ce que je puis vous dire." Grancourt obéit, et, dans une minute, il fut nu comme la main. Mais, grand Dieu! quel corps offrait-il à ma vue! Je ne puis vous le comparer qu'à un taffetas chiné. Il n'y avait pas une place de ce corps tout marqué qui ne portât l'épreuve d'une déchirure. Cependant j'avais mis au feu une discipline de fer, armée de pointes aiguës, qui m'avait été envoyée le matin avec l'instruction. Cette arme meurtrière se trouva rouge à peu près au même instant où Grancourt se trouva nu. Je m'en empare, et commençant à le flageller avec, doucement d'abord, puis un peu plus fort, et puis à tour de bras, et cela indistinctement depuis la nuque du col jusqu'au talon, en un instant je mets mon homme en sang. "Vous êtes un scélérat, lui disais-je en frappant, un gueux qui avez commis toutes sortes de crimes. Rien n'est sacré pour vous, et dernièrement encore, on dit que vous avez empoisonné votre mère. -Cela est vrai, madame, cela est vrai, disait-il en se branlant, je suis un monstre, je suis un criminel; il n'y a pas d'infamie et que je n'aie faite et que je ne sois prêt à faire encore. Allez, vos coups sont inutiles; je ne me corrigerai jamais, j'ai trop de volupté dans le crime; vous me tueriez que je le commettrais encore. Le crime est mon élément, il est ma vie, j'y ai vécu et j'y veux mourir. Et vous sentez combien, m'animant lui-même par ces propos, je redoublais et mes invectives et mes coups. Un "foutre!" lui échappe pourtant: c'était le signal; à ce mot, je redouble de vigueur et tâche de le frapper sur les endroits les plus sensibles. Il cabriole, il saute, il m'échappe, et va se jeter, en déchargeant, dans une cuve d'eau tiède préparée tout exprès pour le purifier de cette sanglante cérémonie. Oh! pour le coup, je cédai à ma compagne l'honneur d'en avoir vu plus que moi sur cet article, et je crois que nous pouvions bien nous dire, alors, les deux seules de Paris qui en eussions vu autant, car notre Grancourt ne variait jamais, et il y avait plus de vingt ans qu'il allait tous les trois jours chez cette femme pour pareille expédition.

 

Comte d'Artois (Bagatelle) libido : 7

Penchants : mondain, séducteur, parties fines.     Passion : la chasse à tir.

Jeune, il menait une vie de débauche. Il aurait bien perverti sa belle sœur Marie-Antoinette mais n'y parvint pas. Bagatelle servit de cadre à ses soirées fines (jeux de miroirs, peintures licencieuses). Devenu Charles X il se fit sévère et prude pour faire oublier ses dévergondages.

 

Beaujon (Folie Beaujon) libido : 7

Penchants : vieillard libidineux, demoiselles de grand style mais de petite vertu.

La folie Beaujon comptait un pavillon fameux pour le jeu de miroirs de l'entrée et le décor aérien de la chambre à coucher. Le maître des lieux y recevait un escadron de demoiselles d'une grande beauté, habillées somptueusement, qui veillaient à son endormissement. Le vieux financier ne semblait plus en mesure de tirer un parti complet de leur passage (de leurs passages ?).

 

Duc de Choiseul (pagode de Chanteloup) libido : 7

Penchants : maîtresses multiples, inceste (?).     Passion : le pouvoir.

Le duc de Choiseul était un grand collectionneur de femmes de la Cour. Tous ceux qui étaient en place le faisaient, mais il n'était pas en reste. Le détail croustillant est le soupçon persistant d'inceste avec sa sœur Beatrix.

 

Louis XV (pas de parc) libido : 7

Penchants : appétit insatiable, jeunes pucelles; à l'âge mur, domination passive soft.     Passion : la chasse à courre.

Louis XV précède d'une génération les parcs à fabriques. Mais ses intimes (Choiseul, Richelieu, ...) en sont acteurs, et il m'a paru impossible de manquer dans cette page le royal étalon. D'ailleurs, autre lien avec les parcs, il avait été dépucelé par une des dames de la cour appartenant à l'entourage de l'intrigante et lascive maréchale d'Estrées qui déployait ses talents à proximité du château de Madrid, dans la maison de campagne qui précédat Bagatelle.

Amoureux de sa jeune épouse, attitude inattendue, il eut une vie maritale pratiquement exemplaire jusqu'à ce que celle-ci, lassée de dix grossesses consécutives, lui refusa l'accès de sa couche. Il se tourna vers des maîtresses et bénéficia de la complaisance des dames de la cour.

La Pompadour régnait sur lui par l'esprit. Peu portée sur les choses du sexe, puis atteinte d'une affection incapacitante, elle limita à une courte période initiale les assauts royaux, qu'elle dévia sur de petites personnes qu'elle contrôlait, dont mesdames d'Esparbès et d'Amblimont. Cette façon dont Mme de Pompadour avait organisé les plaisirs du roi lui valut les méchants vers, sous forme d'épitaphe, qui coururent dans Paris à son décès : « Ci gît celle qui fut ving ans pucelle, sept ans catin et huit ans maquerelle » Mais elle fit l'erreur de présenter au roi une Choiseul, qui faillit lui prendre sa place de favorite. Elle l'évinça, mais décida de faire assouvir la libido royale par des jeunes filles issues de familles du demi-monde huppé, consentant à cette pratique. La rencontre avait lieu dans une maison du parc aux cerfs (qui n'a rien à voir avec les chasses à courre), proche du château de Versailles. Les fruits éventuels de ces nuits de harem étaient toujours gardés secrets, mais convenablement éduqués puis établis.

La Du Barry, maîtresse en titre des dernières années du roi, est réputée avoir eu une domination plus charnelle, qu'elle asseyait sans doute sur l'expérience de la galanterie qui fut la sienne à ses tout débuts. Chamfort écrit (à propos d'un autre grand personnage) :

" ... sur ce mot, il devint amoureux fou d'elle. Il a vécu avec elle longtemps. Elle le subjuguait par les mêmes moyens qui réussirent à Madame Du Barry près de Louis XV. Elle lui ôtait son cordon bleu, le mettait à terre, et lui disait : " mets-toi à genoux là-dessus, vieille ducaille. "

Grand chasseur, Louis XV aurait forcé 10 000 animaux de vénerie. Combien eut-il de femmes ? en tout cas, beaucoup moins que le prince de Conti, qui aurait reçu 1000 à 1500 de ces créatures.   Voir sur tout ceci : Louis XV intime et les petites maîtresses lien externe de Comte Fleury, 1899.

 

Hérault de Séchelles (le temple de David à Epône) libido : 7

Penchant : les belles femmes     Passions : la réussite, son aspect physique, l'éloquence, les courses de chevaux.

Sa fin tragique et celle de ses maîtresses m'ont fait un peu hésiter à inclure la notice de ce personnage. Mais je la vois comme un hommage à son amour de la vie et à sa fougue mêlée de cynisme.

Hérault de Séchelles voulait réussir par tous les moyens et jouir de tout. Il mit au service de cette ambition une éloquence exceptionnelle qui fit chavirer les femmes avant de subjuguer l'Assemblée. Il s'appuya aussi sur sa beauté physique, grand, mince, athlétique, blond, de beaux yeux bleus dans un fin visage. Il déploya une application méticuleuse à sculpter son corps dans d'exigeants exercices physiques. Sa beauté l'aida dans ses succès, puis contribua à sa chute.

Avant la Révolution, il parut dans les cercles mondains les plus en vue, y séduisit considérablement, mais surtout fut présenté à Marie-Antoinette, qui ne fut pas insensible et c'est une litote. Elle lui broda une ceinture, ce qui est des plus révélateur : on comprend qu'elle aurait bien succombé à tant de charme, mais, sa position ne le lui permettant pas, elle transforma cet élan en intervention pour l'attribution de la charge rémunératrice d'avocat général.

Dans la frénésie révolutionnaire, Hérault de Séchelles prit pour maîtresses Madame de Sainte-Amaranthe et sa fille Émilie. C'est là que sa beauté se transforma en voie du supplice. La Terreur venue, Saint-Just eut sa tête. Il est clair que l'extrémisme de celui-ci était une manifestation de refoulement. Ses relations avec Robespierre ont été analysées comme homosexualité refoulée de part et d'autre. Il est alors possible de voir le même refoulement dans sa haine pour Hérault de Séchelles, qui avait tout ce que lui repoussait, et peut-être même jalousie inconsciente dans l'accès à Robespierre.

Ainsi, Hérault de Séchelles fut guillotiné en avril 1794 avec les dantonistes, et en juin ses deux maîtresses, ainsi que le jeune frère d'Émilie, amalgamés au "complot de l'étranger". Elles furent conduites à l'échafaud en chemise rouge, comme le jeune homme, mesure d'infamie exceptionnelle.

 

Gustave III de Suède (le Haga) libido : 6

Penchants : les garçons.     Passions : l'opéra, les arts.

Le roi préférait les dragons aux sirènes (pas les dragons qui crachent du feu, ceux qui portent une moustache et des brandebourgs). Il ne doit pas manquer d'anecdotes croustillantes, mais c'est un aspect peu traduit du suédois. Il se serait fait violer jeune par son oncle Frédérick II, lequel avait des penchants puisque son ami et amant fut exécuté sur ordre de son père Frédéric 1er pour détourner son fils de cette orientation. Ce qui semble établi, c'est qu'il n'arrivait pas à donner d'héritier à la couronne, faute de désirer la reine. Après neuf ans, il finit par la faire engrosser par le comte Munck lien externe et ainsi naquit le futur Gustave IV Adolf. Il circulait à ce sujet à la cour plus que des rumeurs, ce qui déclencha une affaire d'État : cette tache présumée contribua à la destitution de Gustave IV Adolf lien externe et à écarter le fils de ce dernier de la succession à la couronne, d'où la dynastie des Bernadotte.

 

Le Peletier (Mortefontaine) libido : 5

Penchants : séducteur, vieillard libidineux.     Passion : les décorations.

Le Peletier était un brave homme mais porté en diable. Il était d'un ton cadavérique, à tel point qu'il se mettait du rouge non seulement sur les joues mais sur le nez. Il souffrait également de puanteur de la bouche (et aussi des pieds). Il restait pourtant persuadé de son pouvoir de séduction. L'exercice devait être difficile des deux côtés. Ces détails sont rapportés dans un passage hilarant des mémoires d'Élisabeth Vigée-Lebrun, qui séjourna à Mortefontaine pour l'exercice de son métier de portraitiste.

 

Baudard de Sainte-James (la Folie Saint-James) libido : 5

Penchant : le démon de midi

Avait fait aménager la salle de bains du rocher grotte pour des moments intimes.

Mais il ne fut pas le seul à en user. La baronne d'Oberkirch, relation du gendre de Baudard et familière des lieux, raconte dans ses mémoires qu'elle y surprit le duc d'Orléans et Mme de Genlis dans une posture sans équivoque. Se remettant, Mme de Genlis la foudroya du regard "comme l'eût fait un souverain". Sous l'Empire, la duchesse d'Abrantès (Mme Junot) succomba au prince de Metternich dans les profondeurs du rocher. Dans ses mémoires, elle dit de manière un peu grandiloquente qu'elle paya ce moment d'égarement de larmes de sang.

Également, maîtresse mondaine sur un très grand pied, la Beauvoisin, qui avait fait partie des beautés de Beaujon. Cette dernière eut une triste fin. Gourmande, elle avait pris de l'embonpoint, ce qui contrariait son exercice professionnel; il faut croire qu'elle en avait pris beaucoup, car le goût de l'époque n'était pas aux minceurs actuelles. Bref, elle voulut maigrir et s'imposa la prise répétée de vinaigre, remède de l'époque en pareil cas, tant et si bien qu'elle en mourut, vraisemblablement d'une perforation de l'estomac.

 

Prince Louis-Joseph de Bourbon-Condé (Chantilly) libido : 5

Penchants : séducteur, maîtresse sous le toit conjugal.

Louis-Joseph (1736-1818) avait pour maîtresse "officielle" la princesse de Monaco, qui régnait à Chantilly. Elle dut quitter la place en raison du scandale que faisaient monter l'épouse légitime et ses enfants. La princesse de Monaco s'installa à Betz, où le prince la visitait mais il séduisait par ailleurs sans relâche.

À la Révolution, le prince de Condé s'exila; sa famille le suivit. Son fils Louis-Henri-Joseph (1856-1830 passion : la chasse à courre) avait vilipendé dans son enfance la conduite de son père. Mais il revint d'Angleterre avec la jeune et jolie Sophie Dawes qui passa pour sa fille naturelle. Il la maria au lieutenant-colonel de Feuchère, honnête mais naïf, qui fut fait baron pour avoir un rang s'accordant à cette union. Le scandale fut énorme quand Sophie Dawes se révéla être la maîtresse du prince, avec un parfum d'inceste implicite, qui n'avait aucune raison d'être. Un scandale encore plus énorme éclata quand le prince vieillissant fut trouvé pendu à une espagnolette du château de Saint-Leu (autre demeure comportant également un parc à fabriques). Louis-Henri-Jospeh se trouvait sans héritier, ayant perdu son fils le Duc d'Enghien, enlevé et fusillé à Vincennes à l'instigation tacite de Napoléon. L'intrigante et calculatrice Sophie Dawes n'avait eu de cesse que le vieux prince rédigeât son testament. Finement, elle avait œuvré pour que la majeure partie aille au Duc d'Aumale, fils de Louis Philippe et filleul du prince. Ce dernier détestait les Orléans ses petit-cousins, mais était toutefois parrain du duc d'Aumale. Ceci mettait le pouvoir de son côté, et elle en eut bien besoin. Elle-même n'était désignée que pour une part minoritaire mais encore énorme : deux millions nets de droit, Mortefontaine, Saint-Leu ... . Un Rohan, neveu du prince, s'estimant privé de l'héritage, l'accusa d'assassinat et contesta le testament. Le procès la disculpa, elle s'installa à Mortefontaine, après avoir frisé la prison voire l'échafaud : une issue judiciaire différente nous aurait laissé une délectable anecdote, avec un frisson pour le cou de cygne de la belle Sophie Dawes (vous aurez compris que je préfère le personnage de la princesse de Lamballe).
Maintenant, était-elle coupable d'assassinat ? Le suicide paraît assez invraisemblable. Une tierce explication, signalée avec assez d'insistance, serait celle d'inavouables jeux érotiques ayant mal tourné. Si l'extraction demi-mondaine de Sophie Dawes et son emprise sur le vieux prince, rendent fort réaliste qu'elle ait usé de strangulation pour réveiller le désir de celui-ci (pratique assez connue, illustrée dans le film Aï no corrida - pensez aux risques du jeu du foulard avant d'essayer); cette piste semble avoir été insinuée par l'entourage du bénéficiaire du legs, comme cause alternative de la mort, offrant un dérivatif aux soupçons d'assassinat. Pour faire bref, le meurtrier serait un ex-capitaine de gendarmerie, vrai espion du pouvoir, gravitant dans les familiers du château, qui agit sur commandite des plus hautes autorités, avec la complicité active de Sophie Dawes.

Moralité : Eros et Tanatos auraient mérité un temple à Chantilly et Saint-Leu.

 

Jean-Jacques Rousseau (pas de parc) libido :   rêvée : 4   -   réalisée : 1

Penchant : pervers, masochisme léger.     Passions : la botanique, la musique, écrire.

Le philosophe n'est certes pas un créateur de parc à fabriques, mais Ermenonville lui est si intimement lié, qu'il est justifié de le joindre à ce panorama. Ses liaisons font tellement partie de l'histoire de la littérature que je ne les rappellerai pas. Mais concrétisait-il ? pas sur ... et d'ailleurs ne s'engageait-il pas dans ces liaisons que pour l'échec final ?

Chamfort nous raconte : " J-J Rousseau passe pour avoir eu madame la comtesse de Boufflers, et même (qu'on me passe ce terme) pour l'avoir manquée, ce qui leur donna beaucoup d'humeur l'un contre l'autre. Un jour, on disait devant eux que l'amour du genre humain éteignait l'amour de la patrie. " pour moi, dit-elle, je sais, par mon exemple, et je sens que cela n'est pas vrai; je suis très bonne française et je ne m'intéresse pas moins au bonheur de tous les peuples. - oui, je vous entends, dit Rousseau, vous êtes française par votre buste et cosmopolite du reste de votre personne. " On aura remarqué que la comtesse de Boufflers avait un parc à fabriques près de Chaillot; la citation s'en trouve doublement justifiée !

Il semble (que les vrais spécialistes me démentent) que J.-J. Rousseau avait un goût pervers pour l'échec et restait impuissant avec les femmes de trop haute condition. Il n'avait pas de mal à les séduire par son éclatante supériorité d'esprit, mais au moment critique remontait une bouffée d'infériorité qui le paralysait; ce moment de l'échec pas explicitement planifié mais intimement souhaité était son extase. Dans une anthologie, Xavière Gauthier, auteur de la notice sur Rousseau, insiste sur les "bizarreries" de la sexualité du philosophe et voit en lui le "type parfait du pervers qui trouve son plaisir dans l'inaccomplissement". Mais l'ami du genre humain ressentait l'appel de Dame Nature, auquel il répondait en se tournant vers des personnes de rang inférieur, d'où son ménage avec Thérèse Levasseur.

Quant au masochisme passif, le philosophe décrit dans les Confessions la fessée reçue de Mademoiselle Lambercier et la soumission recherchée auprès de Mme de Warens (également un plaisir solitaire au retour de Turin à peine masqué sous un vocabulaire allusif, mais c'est peccadille de jeunesse).

Le Lagarde et Michard reste assez elliptique à ce sujet; chercher en bibliographie les maladies de Rousseau

 

Marquis de Laborde (Méréville) libido : n.c.

Passions : le commerce maritime, sa famille.

Laborde est un homme de devoir, cité en contrepoint des précédents. Toutefois, ce n'était pas un original ; vivant avec son temps et le milieu auquel il avait accédé, il avait une maîtresse : si fueris Romae, Romano vivito more.

 

Duc de Penthièvre (jardin anglais de Rambouillet) libido : n.c.

Passion : amour de sa famille

Homme vertueux qui détonne dans le mode de vie des grands. Eut le chagrin que le seul de ses sept enfants qui ne soit pas mort en bas âge ou en enfance fût un fils dévoyé. Celui-ci fit le malheur de sa jeune épouse, la princesse de Lamballe, et, quelques années après leur mariage, mourut de s'être épuisé à la débauche (d'autres sources disent plus crûment : de syphilis). Le vieux duc reporta son amour paternel sur sa belle-fille ; il fit construire à son intention la Chaumière des coquillages.

 

Marquis de Girardin (Ermenonville) libido : 0

Passions : les inscriptions, la marche à pied.

Original et homme à systèmes, il y absorba son énergie.

 

Louis XVI (la Laiterie de la Reine à Rambouillet) libido : -3

Passions : la chasse à courre, la forge, la géographie.

Si c'était une femme, on la dirait frigide ... En incompréhension avec son épouse Marie-Antoinette.

.................. le Dauphin avait tardé à naître : http://chrisagde.free.fr/bourb/l16vie.php3?page=3 ...............

 

Marie Antoinette (hameau du Petit Trianon)

On vient d'indiquer que la reine était bien mal assortie à son époux, qui est à lui seul un plaidoyer contre le principe dynastique. Mais la reine ne fit pas un choix heureux en ouvrant son cœur lien externe à Axel de Fersen, qui fut de très mauvais conseil politique, après le retour de Varennes.

La force de caractère qu'elle montra dans les moments terribles inspire trop de respect pour dire ici autre chose que les rumeurs prise à aucun propos

Voir le site de Leah Marie Brown lien externe, qui rappelle les vérités bien établies sur la dignité de la reine, mais doit également à l'Histoire de citer les rumeurs de turpitudes lien externe (totalement infondées) que faisaient courir ses détracteurs.

Le cas Lequeu un peu de vocabulaire : parties fines = partouzes - demoiselles débauchées = putes

 


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