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En Russie, les parcs sont presque tous groupés autour de Saint-Pétersbourg, capitale impériale; ils forment "l'anneau d'argent" (2). Ils ont été aménagés pour les tsars ou leur familiers.
Tsarskoïe Selo , appelé Pouchkine à partir de 1937, est maintenant connu sous les deux noms, l'ancien ayant de plus en plus tendance à l'emporter. Le grandissime poète y avait été élève au Lycée impérial , dans un groupe de condisciples formant une pépinière d'écrivains et d'artistes. Leurs cadets leur succédèrent, puis furent laminés par les suites de la Révolution d'Octobre : « Toujours, jusqu'au bout de la Sibérie glacée, me reviendra le souvenir intouché des moments où l'avenir enivrant de la vie s'ouvrait pour nous à Tsarskoïe Selo ».
On pourrait l'appeler palais des impératrices, car Catherine I y fit construire le premier pavillon, une surprise pour son époux Pierre le Grand, puis Élisabeth construisit un palais, enfin Catherine II y fit aménager par Cameron plusieurs des salles majeures du palais et une partie du parc. Le tsar Alexandre prit le relais après 1800.
Comme dans beaucoup de sites dont il est question, les jardins connurent des aménagements successifs au gré des modes et des fantaisies des souverains. Mais ici, l'affection sans démenti qu'ils portèrent au lieu aboutit à une succession complexe d'étapes d'aménagement : sur les 530 hectares du domaine se juxtaposent plusieurs palais et des parties du parc distinctes. Autour des palais respectifs, le parc d'Alexandre et le parc de Catherine font partie du " parc de paysage ". La présentation ci-dessous correspond à la division d'usage entre ces deux parcs, mais on trouve dans chacun des fabriques et pavillons construits à l'une ou l'autre période.
Dans le parc de Catherine se trouve la pyramide de Cameron (construite en 1774 à la place d'une première pyramide - y sont enterrés les deux lévriers favoris de Catherine), le pavillon du bain turc, un pont de marbre (dit parfois Pont Palladien, car il est au modèle de celui de Palladio, comme dans plusieurs autres jardins anglais, dont Stowe) et une grotte. Au milieu de l'étang se dresse sur une île la colonne rostrale de Chesma, de 25 mètres de hauteur. C'était l'époque d'une guerre avec l'empire Ottoman favorable à la Russie, et chaque victoire était saluée de la construction d'un pavillon de fantaisie. " Mon parc va être encombré, si cette guerre continue ", faisait mine de se plaindre l'impératrice. Le terrain désespérément plat et infertile obligea à de gigantesques travaux d'adduction et de déblaiement. Catherine hésitait devant l'énormité des dépenses pour créer des collines; puis elle se décida, en disant " C'est comme ça, c'est mon caprice ". Aussi les monticules artificiels entre lesquels s'étend le village chinois s'appellent le grand et le petit caprice. La ménagerie, entourée de murs flanqués de 4 folies en forme de bastions militaires, abritait au centre Mon Bijou (en français), réplique baroque en miniature de l'Hermitage. Elle coexista avec le jardin anglo-chinois sur l'emprise du parc d'Alexandre, jusqu'à ce qu'elle soit rasée vers 1818 ainsi que ses murs d'enceinte. Le théâtre chinois de 1778, bombardé, n'a pas été réhabilité.
L'architecte paysagiste Ilya Neyelov avait préparé dés 1778 -1783 l'évolution vers un jardin anglais et aménagé des étangs aux formes irrégulières. Il formalisa en 1792 les plans d'une commande explicite de jardins anglo-chinois reprenant les fabriques déjà en place, autour du palais d'Alexandre. S'y trouve une série de pavillons chinois de 1760 -1770 : allée de pavillons, terrasse chinoise, des cuisines ruinées, le " Pavillon grinçant ", dont les girouettes sont à dessein mal huilées et le village chinois dû à Cameron, plus tardif, à la lisière du parc de Catherine. En 1828 furent ajoutées les portes égyptiennes par l'architecte Ménélas.
Ces étapes successives et l'importance du site n'ont d'équivalent qu'à Potsdam. Pour ce site exceptionnel, encore deux liens : Tsarskoïe Selo en 1910 et Екатерининксий парк
Pavlovsk : à l'origine le palais et son parc furent un cadeau de Catherine II à son fils Paul, à l'occasion de la naissance de son premier né mâle Alexandre. Charles Cameron, architecte écossais, réalisa de 1780 à 1786, avec le concours de l'artiste français F. Violiet, le palais et la partie la plus proche.
Cette partie centrale, traitée en jardin anglo-chinois, abrite le temple de l'amitié , la volière, la laiterie, une colonnade d'Apollon et des ponts au-dessus de la Slavyanka, petite rivière.
L'architecte italien Vincenzo Brenna, fut chargé du Vieux et du Nouveau Bois. De 1790 à 1796, il compléta les ponts (dont celui du centaure et de la tour), ajouta l'amphithéâtre vert et l'amphithéâtre de pierre, le pavillon de la tour du racloir, la cascade à la ruine, un treillis, la porte du théâtre.
Dans les premières décennies du XIX° siècle, les architectes A. Voronikhin et C. Rossi complétèrent le paysage : trois nouveaux ponts, un théâtre de plein air, une tente turque, le pavillon rose, et le paysage d'étangs et d'allées plus éloignés. Cameron lui-même ajouta en 1801 le pavillon des trois grâces, orné d'un marbre de Paolo Triscorni.
Ce parc somptueux semble intégralement préservé (à l'exception de pavillons secondaires) sur plus de mille hectares : miracle de l'absence de spéculation foncière et de l'opiniâtreté du régime à relever les trésors nationaux anéantis par la guerre !
histoire du parc .
Lomonosov : le parc d'Oranienbaum , autour du palais du même nom, localement appelé grand palais Menshikov , prince proche de Pierre le Grand, qui le fit construire. Le parc comprend un réseau de lacs et de canaux. Au bord du lac supérieur, deux pavillons chinois (le palais chinois et la cuisine chinoise) et, sur le rivage opposé, la pergola. D'autres fabriques, des statues, des pavillons, des ponts et le lac inférieur. Plan du parc . Ne pas confondre avec son homonyme de Wörlitz-Dessau en Allemagne; par ailleurs, il y a également un palais Menshikov à Saint-Pétersbourg.
Gatchina : le parc comporte également des pavillons dans le goût anglo-chinois, dont un temple de Vénus sur l'île de l'amour et une colonne sur le rivage opposé. plan du parc . Le palais avait été offert par Catherine II à son grand favori Orlof, qui se servit du vaste parc comme domaine de chasse. À sa mort, le parc revint à la couronne et passa en 1783 au tsarévitch Paul, qui fit ajouter les fabriques par l'architecte italien Vincenzo Brenna .
Peterhof , réplique de Pierre le Grand à Versailles, n'a pas de jardin anglo-chinois, mais seulement des pavillons classiques.
Ces palais et leurs parcs forment un ensemble exceptionnel autour de Saint-Pétersbourg, à l'image de la démesure de la Russie. La première ligne de chemin de fer du pays relia en 1837 Saint-Pétersbourg à Pavlovsk et Tsarskoïe Selo. Occupés par l'armée allemande entre 1941 et 1944 pendant le siège de la ville, les palais furent quasiment détruits, les constructions étant saccagées à dessein. La plus grande partie a été restaurée. Le mobilier d'origine et la statuaire, abrités pendant le conflit, ont retrouvé leur place. Mais le bâti n'a été reconstruit qu'avec des matériaux économiques : plâtre peint pour la faïence, béton pour les colonnes ... l'aspect général est restitué mais le visiteur risque de ressentir le décalage. (précisions communiquées par un spécialiste officiel dont je préserve l'anonymat) La chambre d'ambre de Tsarskoïe Selo était tellement exceptionnelle qu'elle n'a été reconstituée qu'en 2003 (3).
Un peu plus éloigné, sur les rives du golfe de Finlande, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Saint-Pétersbourg, se trouve le parc Monrepos (page dédiée) que Ludwig von Nicolay, précepteur du tsarévitch Paul, fit décorer de fabriques à partir de 1788. Il est profondément différent des précédents.
Moscou
Bien que Saint-Pétersbourg ait accaparé la vie de la cour, quelques aristocrates se préoccupèrent de leurs parcs moscovites. Je n'ai pas encore de précisions sur ces quelques jardins susceptibles d'avoir été transformés dans le goût anglo-chinois. Le parc du palais de Tsaritsyno a été agrémenté de pavillons et de ponts sur des tranchées décaissées pour tenter de rendre le projet plus séduisant aux yeux de Catherine II, qui n'avait pas d'inclination pour Moscou.
Ailleurs en Russie
Parc des Baryatinsky à Maryino (100 km à l'ouest de Koursk) : un peu tardif (1820) - voir la page dédiée
Pour compliquer un peu les choses, il y a un autre Maryino à 40 km au sud-est de Saint-Pétersbourg. Autour du palais des Stroganov, de 1726, a été aménagé vers 1817 un jardin anglais avec des fabriques, dont un temple en rotonde. Le palais est devenu hôtel de luxe ; des ajouts récents, tels que treillage et pont chinois dénaturent le parc.
Réalisations tardives
Le parc Vorontsov à Aloupka en Crimée, vers 1827. Vous remarquez que je rattache la Crimée à la Russie, ce que n'acceptent pas les Ukrainiens, mais qui traduit les liens historiques.
Les pavillons chinois de la foire de Nijni-Novgorod vers 1820, par l'architecte Auguste de Montferrand. D'un esprit proche du village chinois de Tsarskoïe Selo.
Notes