Jardins anglo-chinois d'Europe ornés de fabriques

le temple de la Sibylle à Pulawy
le temple de la Sibylle - J. Arnout, Ch. Lalaisse graveur (1)

 

 

Pologne :

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Puławy

 


historique
plan du parc
les fabriques (vues)
autres éléments

liens
   
encore quelques compléments en construction à ajouter dans l'historique

Historique
 

Puławy n'était guère qu'un bourg, jusqu'à l'essor que les Czartoryski lui donnèrent au XVIII° siècle. La ville connut alors son âge d'or, la cour des princes rivalisant avec celle de Varsovie : Puławy est "l'Athènes de la Vistule". Lors de l'annexion par la Russie, la ville prit le nom de Nowo Aleksandrya.

Si les présentations (en polonais) du palais et du parc de Puławy abondent, elles sont toutes orientées vers le rôle de la princesse Izabela, qui aménagea le jardin à partir de 1788 et fit construire plusieurs fabriques, en particulier le temple de la Sibylle. Mais je n'en ai pas trouvé qui précisent l'articulation avec la première création d'un jardin anglais, dans les années 1770, sans doute sous l'impulsion de la princesse Maria Zofia. Par recoupement, je propose donc deux phases.

le jardin anglais circa 1770

Le jardin anglais se situe à l'ouest du château, sur la dernière partie de la terrasse et jusqu'au bras mort de la Vistule ( ) qui borde le parc. Il a pris la place du jardin français. Le seul point de repère explicite est la construction du pavillon chinois vers 1770 pour la princesse Maria Zofia Czartoryska z Sieniawskich externe, la belle-mère d'Izabela. Maria Zofia y offrait le thé à ses invités. Le passage anglais permet d'y descendre en sécurité, sans risquer de glisser dans la pente assez prononcée. On peut raisonnablement penser que ce passage a été aménagé à la même période que le pavillon chinois. Ce sont les deux seules fabriques de cette zone; la maison d'Alexandre est postérieure et, malgré son porche à quatre colonnes doriques, n'est pas une fabrique.

le parc d'Izabela Czartoryska 1788-1806

Les descriptions de l'aménagement du parc Czartoryski externe pour la princesse Izabela Dorota z Flemmingów Czartoryska lien externe permettent d'en connaître les étapes. Elle fit appel à l'architecte Chrystian Aigner (2), épaulé pour le paysagisme par le peintre Norblin de la Gourdaine (3). La première fabrique réalisée fut la Maison grecque, dans les années 1788-1791; c'est le fronton de l'orangerie. Suivent les deux principales : le temple de la Sibylle (dit Temple de la mémoire), construit entre 1798 à 1801 sur le modèle de l'ancien temple de Vesta à Tivoli et, à proximité, la maison gothique construite en 1800-1809. Ces deux fabriques ont pour particularité d'avoir abrité dès l'époque une partie des collections de la princesse Izabela. Dans sa "description de Pulhavie", destinée à être publiée en annexe aux "Jardins" de l'abbé Delille, la princesse accorde une place importante à ses collections, à la façon dont elles avaient été réunies et dont leur exposition fut organisée. En 1801, elle fonda dans le palais le premier musée du pays, pour stimuler le patriotisme dans la Pologne occupée. La princesse détaille également les plantes rares et les arbres majestueux qui ornent son parc, précisant que c'en est le plus bel ornement.

La Porte romaine, une fausse ruine sur le modèle de l'Arc de Titus, fut ajoutée en 1829. L'église de l'Assomption, au modèle du Panthéon de Rome, construite par Aigner en 1803, n'est pas exactement une fabrique; elle complète l'évocation de l'antiquité.


 

Plan du parc de Puławy
 
 

 

 


 
Fabriques subsistantes   (numéros rouges)
 
1 - temple de la Sibylle
2 - les gradins anglais
3 - la maison gothique
4 - le pavillon chinois
5 - le sarcophage
6 - la porte romaine
7 - la maison grecque
8 - le passage anglais
9 - la grotte


Autres éléments   (numéros noirs)
 
10 - corps de garde
11 - maison jaune "d'Alexandre"
12 - château d'eau
13 - palais Czartoryski
14 - bras mort
15 hors du cadre au nord-est - église de l'Assomption de la Vierge
16 - palais Marynki
  plan du parc de Pulawy
support : vue aérienne Google Earth     -     image mappée : cliquer sur le numéro pour aller au paragraphe de la fabrique
 
 

 

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Les fabriques
 

La présentation des fabriques est organisée autour de vignettes de photographies de Wikimedia Commons sous licence Creative Commons lien externe et quelques liens vers des vues de Panoramio (sans vignette). L'attribution est indiquée sous chacune d'elles.   En cliquant sur les images, vous ouvrirez dans une nouvelle fenêtre, soit la page de Wikimedia Commons, soit celle de Panoramio, où figure la vue agrandie.

le temple de la Sibylle  ,  le passage et les gradins anglais  ,  la maison gothique  ,  le pavillon chinois  ,  le sarcophage , la porte romaine  ,  la maison grecque  ,  la grotte

 

Le temple de la Sibylle  -  Świątynia Sybilli


Pulawy : temple de la Sibylle
photo Janmad

Pulawy : temple de la Sibylle
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

 

vu de la terrasse

Le temple de la Sibylle

vu du rebord de la terrasse

 

Construit en 1798-1801 par l'architecte Chrystian Aigner sur le modèle du temple de la Sibylle à Tivoli. Au lieu de demander une fausse ruine, la princesse Izabela Czartoryska a fait réaliser un temple dans son aspect complet. Elle y a installé un musée de souvenirs de son illustre famille, comprenant de grands moments de l'histoire de la Pologne.  Vous remarquerez que les Polonais écrivent Sybilli, alors que nous écrivons Sibylle (et les Anglais the Sibyl).

Pulawy : temple de la Sibylle
photo Lukke

Le temple de la Sibylle vu de l'autre côté du bras mort

 

Le passage anglais  -  Pasaź Angielski     et     Les gradins anglais  -  Schody Angielskie

Pulawy : passage anglais
photo Lpzpulawy

Pulawy : gradins anglais
photo Stanisław Ludwiński

Le passage anglais

Les gradins anglais

Le passage anglais est à droite du palais, il permet de descendre directement de cette terrasse jusqu'en direction du bras mort.   Les gradins anglais sont à gauche du palais. Ce sont des banquettes successives inclinées qui permettent elles aussi de rejoindre le bras mort depuis la terrasse du temple de la Sibylle. Localement, on les appelle familièrement de façon imagée "Échelle du diable". le temps est bien gris et poubelle au premier plan n'est pas du meilleur effet mais c'est la seule vue disponible

 

La maison gothique  -  Dom Gotycki

Pulawy : la maison gothique
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Pulawy : la maison gothique
photo Janmad

Créée comme un pavillon de jardin, elle fut remaniée par Aigner en 1809 pour y exposer une partie de la collection de souvenirs (4) des Czartoryski, devenant ainsi le premier musée de Pologne. Le rez-de-chaussée est une salle d'armoiries, à l'étage se touve le cabinet d'Izabela Czartoryska.   Voir une vue de la maison gothique vers 1830 lien externe par Joseph Richter lien externe.

 

Le pavillon chinois  -  Altana Chińska

Pulawy : le pavillon chinois
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Construit vers 1770 par l'architecte Franciszek A. Mokein (d'autres sources mentionnent "dessiné par Szymon Bogumił Zug")

 

Le sarcophage  -  Sarkofag

Pulawy : le Sarcophage
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Érigé en l'honneur d'Auguste et Sophia Sieniawski Czartoryski en 1797. Ce monument, copie du sarcophage d'un des Scipion, est de Maximilien Laboureur (5).
Le sarcophage qui servit de modèle est celui de Scipion Barbatus (Lucius Cornelius Scipio Barbatus) ; c'est le plus remarquable et le seul intact de ceux que l'on a trouvés dans l'hypogée des Scipions lien externe, situé sur la voie Appienne, tombeau collectif de cette illustre branche de la gens des Cornelius, qui venait d'être redécouvert en 1780. Le grand Scipion l'Africain s'étant éloigné de Rome pour fuir les poursuites qui l'accablaient, mourut à Linterne, y fut inhumé et sa modeste tombe est perdue.

 

La porte romaine  -  Brama Rzymska

Pulawy : la porte romaine
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Construite en 1829, inspirée de l'arc de Titus.

 

La maison grecque  -  Domek Grecki

Pulawy : la maison grecque
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Pulawy : passerelles
photo Stanisław Ludwiński

La maison grecque

Les passerelles - à gauche, fronton de la maison grecque

Fruit de la première intervention d'Aigner à Pulawy, la "maison grecque", construite en 1788, était le fronton de l'ancienne orangerie. Celle-ci fut rasée, sans doute au début du XXeme siècle. Le fronton a été reconstruit en 1965. On érigea un bâtiment moderne, la bibliothèque municipale, accolée en diagonale à l'arrière du fronton, sans doute pour préserver la perspective depuis la porte Romaine.   La maison grecque se situe dans la seconde partie du parc, au nord-est de la route qui marque la limite de la partie principale. Cette seconde partie a été lotie et bâtie. Deux passerelles (vue de droite) permettaient de passer d'une partie à l'autre sans sortir de l'enceinte du parc; elles sont à une cinquantaine de mètres de la porte romaine, l'une franchit la route principale, l'autre un étroit passage.

 

La grotte  -  Groty

Pulawy : la grotte
photo Zdzisław Barut

La grotte est située juste au-dessus de la Łacha Wiślana. Elle a été aménagée à l'époque d'Izabela et celle-ci la mentionne dans sa "Description de Pulhavie". On appréciait fort le contraste d'un antre un peu inquiétant avec le jardin environnant voulu idyllique. Une source mentionne qu'un ermite (un figurant) était entretenu pour y accueillir les visiteurs, comme c'était le cas à Betz et dans d'autres parcs. L'entrée ouvre sur un profond réseau, avec plusieurs chambres dont une comprend un autel. Les visites sont suspendues en raison de risques d'éboulement.

 

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Autres éléments
 

 

Le corps de garde  -  Kordegardy     et     Le château d'eau  -  Wieża Ciśnień

Pulawy : corps de garde
photo Piotr Młynarczyk

Pulawy : le château d'eau
photo RafalT

Le corps de garde

Le château d'eau

Cette maison assez anodine remonte au 18° siècle. J'ai du mal à comprendre le motif de son évocation fréquente : peut-être un événement historique s'y serait-il produit ?

 

Construit en 1897. Il fournit encore l'eau du palais. Quoique tardif, il est lui aussi régulièrement signalé dans les présentations; son style d'inspiration gothique le justifie sans doute.

 

La maison jaune d'Alexandre  -  Domek Źółty zwany Aleksandryjskim

Pulawy : la maison d'Alexandre
photo Łukasz Adamczyk

Ce pavillon du début du 19° siècle à portique dorique est auréolé du prestige d'avoir abrité un hôte illustre, le tsar Alexandre; mais ce n'est qu'une légende, celui-ci dormit au palais. La photo en lien, prise un beau jour d'été sous une lumière crue, masque en grande partie la dégradation du bâtiment, bien visible sur des vues d'automne. Mais d'autres, plus récentes, montrent que sa restauration est en cours.

 

Le palais Marynki  -  Pałac Marynki

Pulawy : le palais Marynki
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Pulawy : le palais Marynki
photo Kasia 1990

Le palais Marynki : façade d'honneur

Le palais Marynki vu de l'autre côté du Łacha Wiślana

Ce palais a été construit en 1791 par Izabela Czartoryska et son mari le prince Adam pour leur fille Maria Wirtemberska lien externe, au diminutif de Marynkami, d'où le nom de palais Marynki. Les plans sont de l'architecte Aigner. Évidemment, ce n'est pas une fabrique, mais une flatteuse construction néo-classique dans un cadre de choix.

 

Église de l'Assomption de la Vierge  -  Kościół p.w. Wniebowzięcia Najświętszej Marii Panny

Pulawy : église de l'Assomption de la Vierge
photo Grzegorz Hałaś (Ghalas)

Cette église, faisant fonction de chapelle du palais, a été construite en 1803, également sur les plans d'Aigner, qui s'inspira du Panthéon de Rome.

 

Le bras mort  -  Łacha Wiślana

Pulawy : le bras mort de la Vistule, au pied du parc
photo Kasia 1990

Le bras mort s'étend au pied de l'abrupt où se terminent les terrasses. Il constitue la transition avec la plaine et fait partie intégrante du site. Un sentier qui le longe offre une agréable promenade.


 

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Détails pratiques

 

Liens

 

Ouvrages

Je n'ai trouvé aucun ouvrage un peu approfondi. Włodzimierz Wójcikowski a rédigé un guide touristique de 40 pages édité en 1980 : une partie étant certainement consacrée au palais Czartoryski et à ses collections, la partie traitant du parc ne peut être qu'assez réduite.



 


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liens externes

 


droits réservés de l'auteur, Dominique Césari  -  crédits photographiques Wikimedia Commons mentionnés dans le texte
Page créée le 3 avril 2017, mise à jour le : 10 avril 2017



Notes

1   gravure du temple de la Sibylle
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Cette gravure archi-classique, par Charles de Lalaisse (1811-1863 ?) sur le dessin de J. Arnout, est répétée dans plusieurs ouvrages du 19° siècle; elle est ci-dessus colorisée. J. Arnout lien externe (a priori Jules - 1814-1868 - et non pas son père Jean-Baptiste) a très probablement démarqué la vue antérieure lien externe de Johann Gottlob Schumann, qui avait pris le parti de laisser voir le temple par l'échancrure d'un rideau de grands arbres; Schumann avait-il dessiné d'après nature ou ce choix masquait-t-il son ignorance de l'environnement immédiat ? sa gravure ne nous renseigne pas sur la disposition précise des lieux mais elle est plausible. Malheureusement Arnout n'a pas détecté le subterfuge de Schumann et a imaginé le socle comme un doigt proéminent. Son résultat n'est vraiment pas réaliste et pas même harmonieux.   Alors, pourquoi ai-je choisi cette gravure ? pour ses couleurs pimpantes et le commentaire que sa composition donne l'occasion de faire.

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2   Chrystian Piotr Aigner (1756-1841)
.
architecte polonais lien externe   biographie développée lien externe

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3   Jean-Pierre Norblin de La Gourdaine (1745-1830)
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peintre français lien externe.   À l'invitation du prince Adam Kakimierz Czartoryski lien externe, il s'installa en Pologne, y resta 30 ans, travaillant pour certaines familles nobles lien externe (en particulier, il travailla également à Arkadia). Il fut naturalisé polonais sous le nom de Jan Piotr Norblin. Dans les dernières années du 18° siècle, il peignit quelques-unes des scènes dramatiques des événements à la suite desquels la Pologne perdit son indépendance. Il revint en France en 1804 et y mourut en 1830.

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4   Les collections
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article CeROArt lien externe   contexte général de la collection. Le Temple de Sibylle a été considéré comme « Panthéon à la gloire des Polonais ». Au sujet de la Maison Gothique, Izabela Czartoryska écrivait que c'était un bâtiment consacré aux « monuments de tous les pays et de toutes les nations, particulièrement aux personnages illustres qui ont rendu ces pays célèbres ». Il s'agissait entre autres d'Henri IV, de Voltaire, Louis XVI, Marie Antoinette, Washington, Napoléon. Avec le fauteuil de Shakespeare et celui de Rousseau, on reste dans l'esprit des cabinets de curiosité, tendance grands hommes.

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5   Maximilien Laboureur (1739-1812)
.
Sculpteur français, fort réputé en son temps mais tombé dans l'oubli, si bien qu'on ne trouve pas d'article à son sujet vers lequel établir un lien. Il s'installa en Italie et son fils Francesco Massimiliano Laboureur lien externe (1767-1831) naquit à Rome. Élève de son père, il devint également sculpteur et ils tinrent en commun l'atelier familial, où fut réalisé le sarcophage de Scipion Barbatus. Il faut prendre avec circonspection les mentions concernant les Laboureur car la confusion entre eux semble plus que fréquente, à tel point qu'il se pourrait que l'on ait également appelé le fils Maximilien dans les textes français. Dans les textes italiens, le fils, qui accéda aux plus hauts honneurs artistiques romains, éclipse le père. Le prince Adam Czartoryski, qui était alors ambassadeur de Russie auprès du roi de Sardaigne, fit l'acquisition du sarcophage, le rapporta en Pologne en 1799 et l'installa dans le parc de Puławy. Le sarcophage fut déplacé à Potsdam en 1831 et ne réintégra son emplacement qu'en 1947.

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