Jardins anglo-chinois d'Europe ornés de fabriques

le château des ducs de Wurtemberg-Œls à Carlsruhe
gravure de Winckelmann et Söhne

 

 

Pologne :

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Pokój/Carlsruhe


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historique - étapes de l'aménagement
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plan du parc
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les fabriques (vues)
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autres éléments (vues anciennes)

liens
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ouvrages
   

Historique
 

Le parc a été aménagé alors qu'il était en territoire prussien (1). Carlsruhe ("le repos de Charles"), aujourd'hui Pokój ("La Paix") est à 70 km à l'est de Wrocław (Breslau) et 25 km au nord d'Opole (anciennement Oppeln).

Le duc Carl Christian Erdmann von Württemberg-Œls (2), passionné de chasse, fit construire en 1748, au cœur d'un territoire sauvage, un pavillon de chasse lien externe en bois au carrefour d'allées forestières. Ce pavillon ayant brûlé deux ans plus tard, il fut remplacé par le château en pierres et briques dont on voit la gravure ci-dessus; l'architecte en est George Ludwig Schirrmeister (3). Le bourg fut fondé en 1763, par l'adoption d'un règlement pour l'installation d'une nouvelle population, qui s'inscrit dans la pratique de peuplement des régions annexées par la Prusse. En 1793 les princes d'Œls-Bernstadt déplacèrent leur résidence d'Œls à Carlsruhe. Puis en 1817 le bourg devint une ville de marché, ce qui donna un essor, conforté en 1847 par la création d'une cure orientée vers le repos et les maladies nerveuses : le nom fut changé en Bad Carlsruhe.

Vers 1780-1790, le parc fut agrandi au sud par la création d'un jardin anglais orné de fabriques : temple sur une île, volière chinoise, etc.. des gondoles voguaient sur l'étang. Le parc est assez dégradé mais on y voit encore une partie des fabriques externe : la grotte effondrée de l'Élysée, une fausse ruine de tour médiévale, la tour-fanal, et, dans l'ex-jardin français la maison de thé (Herbaciarnia) entourée d'eau et des statues de divinités romaines ... D'autres statues et monuments avaient été ajoutés par la suite, en particulier le temple de Mathilde (en mémoire de la jeune épouse défunte du duc Eugène de Wurtemberg, édifié en 1826 à l'emplacement du précédent temple d'Apollon) et le lion endormi (1863, symbolisant la paix retrouvée). L'obélisque de l'île de l'étang de Wilhelmine est probablement de cette seconde période.

Entre les deux guerres, Carlsruhe resta allemande (4). Elle redeviendra polonaise après la seconde. Le 21 Janvier 1945, Carlsruhe est occupée par l'Armée rouge sans combats, pillée, le château est brûlé ainsi que les quatre cinquièmes des bâtiments. Par la suite, les ruines du château furent rasées mais la cure fut remise en état (puis rasée dans les années 60). L'imposante église luthérienne a été conservée et restaurée. La population d'origine allemande partit, remplacée par des Polonais déplacés de l'est. Le bourg changea de nom et devint Pokój; il atteignait 2500 habitants dès 1905, il en compte aujourd'hui 1450.

Le parc s'appelle maintenant Zabytkowy Park w Pokoju externe. Il est inscrit aux monuments historiques.

J'ai découvert ce parc voici une douzaine d'années. Il était poignant, témoignage désolé d'un passé englouti, paraissant totalement à l'abandon sur les premières photos trouvées sur Panoramio. Depuis, des efforts ont été faits pour en améliorer la découverte et favoriser le tourisme; plusieurs sites donnent une information détaillée en polonais; un festival de musique annuel se déroule dans l'église luthérienne. Mais c'est une lutte contre le temps (et l'eau); la dégradation des lieux s'accélère.   On trouve peu d'informations en français à son propos, j'ai voulu présenter de façon un peu plus approfondie ce lieu marqué par les basculements de l'histoire de l'Europe.


 
Étapes de l'aménagement
 

Si l'on peut établir sans trop d'incertitude les étapes de la création du parc, il est bien difficile, en l'absence d'écrits de l'époque les précisant, d'expliciter les intentions des commanditaires et des créateurs : c'est un travail de chercheur ayant accès aux documents d'archives.

Les grandes lignes sont les suivantes :

 
propriétaires du domaine, commanditaires
établissement à Carlsruhe       1748-1750
en 1748 pavillon de chasse en bois, qui brûle, puis construction d'un château en 1750; aménagement d'un vaste parc de chasse clos d'une palissade, le Thier-Garten, à l'ouest de l'allée du sud.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Carl Christian de Wurtemberg-Œls

Carl Christian Erdmann lien externe (1716 - 1792)
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il eut deux fils morts en bas âge et une fille, qui épousera le duc de Brunswick-Lunebourg-Œls (général prussien, frère cadet de celui du "manifeste de Brunswick") - de ce fait la succession de la terre écherra au neveu de Carl Christian
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premiers aménagements de plaisance       1758-1770
creusement des étangs (également pour drainer le terrain marécageux), construction du château de Sophie, avec son île, en 1758, puis du palais suédois en 1767
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le jardin français       vers 1770
vers 1770, le duc Carl Christian Erdmann von Württemberg-Œls fait réaliser par les jardiniers Websky et Wagner ce jardin qui commence au pied de sa nouvelle résidence et s'étend en trapèze à base étroite entre l'allée sud et l'allée sud-est, jusqu'un peu après la maison de thé, construite en 1776. Il comprenait une orangerie, un bassin, un boulingrin, des parterres de fleurs et un labyrinthe, ainsi qu'un théâtre. Ce jardin resta en l'état après la création du jardin anglais. À la fin du 19eme siècle, c'était un espace ouvert en pelouse, toujours avec l'allée rectiligne.
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création du jardin anglais       1780-1787
conçu par Kloeber (5) (Hofgärtner, c'est à dire jardinier-paysagiste attitré) d'emblée dans son extension complète. Il se serait inspiré de Stowe et de l' «Essay sur le Jardinage Anglois» d'August Fryderyk Moszyński lien externe (gentilhomme polonais amateur d'architecture lien externe et voyageur 1731-1786), Des ouvrages sur la nouvelle mode de jardins, avec vues de fabriques, étaient largement diffusés à cette période. On peut s'interroger sur une certaine influence franc-maçonne (6).
Il n'est pas mentionné de fabrique notable dans la première partie faisant suite au jardin français : on peut l'imaginer comme un espace de transition. Il débouche sur le Weinberg, planté en 1780 de 20000 pieds de vigne venant de Bourgogne et de Hongrie, au bout duquel fut construit, également en 1780, le "Salon".
Les fabriques sont regroupées vers les étangs, qui ont un contour plus complexe qu'aujourd'hui, avec des canaux isolant des îles : le temple d'Apollon sur son île, alors appelée le "Parnasse" (remplacé par le temple de Mathilde en 1826), pavillon ou "salon" du Weinberg. S'y ajoutaient une volière chinoise sur une île (1787), des bains, la lanterne, un labyrinthe, la "place de Minerve" (une petite butte), la maison du vigneron et un pressoir (dans le soubassement du salon), une laiterie ("Meierei" lien externe, 1787), un ermitage, un temple païen (que j'identifie à la "hutte" à portique de quatre colonnes de bois représentée sur des vues d'époque) et des ponts. Comme on le voit, cette partie du jardin est beaucoup plus ornée et largement organisée en dialogue avec les pièces d'eau.
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compléments de décoration du vivant de Carl Erdmann : statue de Frédéric le Grand en 1790 dans le jardin anglais; les autres statues de divinités romaines, qui remonteraient à 1780/1785, que l'on trouve aujourd'hui dans la première partie du parc, auraient d'abord été installées dans le jardin anglais (7).   Creusement en 1790 de l'étang d'Hélène.

 
Fabriques du jardin anglais  -  gravures du Taschenbuch für Gartenfreunde - W.-G. Becker - 1797
Pokoj Bad Carlsruhe, volière chinoise
La volière chinoise
Pokoj Bad Carlsruhe, le Salon
Le salon du Weinberg
Pokoj Bad Carlsruhe, la Laiterie
La laiterie

 
période de transition  
Évolution vers un espace plus libre
C'est probablement à cette période, vers 1800, que la ruine gothique est construite.
Le compositeur Carl Maria von Weber lien externe séjourne en 1806-1807 à Carlsruhe comme intendant du théâtre du prince
 
 
 
Heinrich Friedrich Eugen lien externe (1758 - 1822)
neveu de Carl Christian
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suite de la période de transition
Nouveaux compléments dans le parc : en 1825, réaménagement de l'Élysée avec un mur et, en 1826, construction du temple de Mathilde.
Vie musicale brillante; représentations théâtrales de plein air au Weinberg.
 
 
 
 
 
Eugène de Wurtemberg lien externe (1788 - 1857)
épouse Mathilde de Waldeck lien externe (1801 - 1825)
lancement de la cure
En 1847, création d'une station de cure (rhumatismes, maladies nerveuses). Devient Bad Carlsruhe
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début de l'évolution vers une ville de cure et ses distractions
Pas de modification de la première partie (jardin français et suite traitée à l'anglaise) mais y installe le lion endormi (1863) et la statue Germania (1874) - sujets patriotiques - et fait construire une gloriette dans l'axe de l'allée centrale, le "temple d'Erdmann" (1869 ?).
C'est peut-être le moment où le parc s'ouvre à la bonne société fréquentant la station
Construction de villas par la haute société (villa Graber, Paulsburg, ..)
 
 
 
 
Eugen Erdmann lien externe (1820 - 1875)
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dernière période de maintien du parc1875-1891
son fils Eugène lien externe ne lui survit que deux ans (probablement mort en duel, ce qui fut caché)
puis l'oncle de celui-ci hérite du domaine. Il vit à Carlsruhe jusqu'en 1891, c'est le dernier à entretenir le lieu comme résidence princière.
En 1889, ouverture de la ligne de chemin de fer, prémices de l'évolution ultérieure.
   
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basculement vers un usage civil du parc1891-1940
Son successeur ne s'intéresse pas à Carlsruhe - À sa mort sans enfants en 1903, le domaine revient au roi Guillaume II de Wurtemberg, qui n'y porte pas d'intérêt particulier; il décède en 1922.
Le parc devient celui d'une ville de cure : kiosque au bord de l'étang d'Hélène, canotage, le pavillon du Weinberg devient un salon de thé.   La cure est modernisée en 1929.
   
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abandon et saccage   saccage des statues lors de l'arrivée de l'Armée rouge. Des polonais s'installent en remplacement des allemands.
Abandon de la cure et du parc, puis dégradation par le temps.
1940-2000

 

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Plan du parc de Pokój / Carlsruhe
 
 
  Le terrain est plat, avec juste de minimes ondulations; l'eau est très présente


Fabriques   (lettres rouges)
 
H - maison de thé (Herbaciarnia)
L - le lion endormi
TE - temple d'Erdmann (reste le socle)
 
dans le jardin anglais :
S - pavillon du Weinberg, le "Salon"
RG - ruine gothique (emplacement incertain)
TF - tour fanal
E - l'Élysée
TM - temple de Mathilde
O - l'obélisque


Statues et petits monuments  
(lettres bistres)
 
dont :
B - bloc cyclopéen "Findlingsblock"
W - monument de Guillaume (socle renversé)
Bz - le Blitzberg
M - statue de Minerve
ME - monument à la mémoire du duc Eugen
P - la paix couronnant Frédéric-Guillaume II
D - statue de Diane
A - statue d'Apollon
V - statue de Vénus
G - statue Germania/colonne de la victoire (socle)
 
dans le jardin anglais :
F - statue de Frédéric le Grand


Éléments disparus   (lettres noires)
 
C - emplacement du château
E - entrée du jardin français
Bad - la cure


cliquer sur les repères du plan pour aller au paragraphe correspondant
  plan du parc de Bad Carlsruhe
support : photo satellitaire Google Earth     -     image mappée : cliquer sur les repères pour aller au texte correspondant
 

 

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Les fabriques  -  vues récentes
 
  première partie : maison de thé (Herbaciarnia) , le lion , autres statues , temple d'Erdmann et colonne de la victoire
deuxième partie : tour-fanal , tunnel-grotte , statue de Frédéric le Grand , temple de Mathilde , ruine gothique , obélisque
 
Comme on ne trouve pratiquement pas de vues récentes sur Wikimedia, je me permets, très exceptionnellement, de montrer des vignettes de photographies de Panoramio (où elles sont rares). L'attribution est indiquée sous chacune d'elles. Cliquer sur la vue pour voir l'original dans Panoramio.

Les photos Panoramio ne sont plus accessibles depuis février 2018 - c'est fini, il ne reste plus que les vignettes ci-dessous.
En cliquant sur les images, vous ouvrirez une page où figurent les anciens liens vers les photos d'origine. À essayer sur la Wayback Machine externe.

 

première partie du parc : l'ancien jardin français et sa suite traitée à l'anglaise

Le parc s'étend entre les deux routes partant vers le sud de la place centrale, en étoile, où était édifié le château. Le parc commence par le jardin français, qui allait du pourtour sud de la place jusque un peu au-delà de la maison de thé. La partie traitée à l'anglaise, créée en même temps que le "jardin anglais" proprement dit, commençait là. On ne distingue plus vraiment cette limite aujourd'hui, pas plus que l'ancienne disposition du jardin français, le développement spontané des bois ayant fondu l'ensemble. Une allée rectiligne conduit toujours à la maison de thé; on trouve à son début, de part et d'autre, les deux petits étangs de l'origine. De-ci de-là se trouvent des arbres remarquables, de plus de 200 ans d'âge.

Les évolutions ultérieures sont difficiles à dater : on ne peut pas préciser à quel moment le jardin français devint un espace ouvert en pelouse que l'on voit sur les photographies postérieures à 1880, aux allées rectilignes, assez semblable à un parc urbain comme le jardin du Luxembourg. Les statues de déesses romaines, qui avaient été installées primitivement dans le jardin anglais proprement dit furent déplacées dans la partie nord, peut-être dans les premières décennies du 19eme siècle. D'autres ornements furent ajoutés plus tardivement : des statues et monuments à la gloire de personnalités prussiennes, en particulier le lion endormi, en 1857 ou 1863 selon les sources; c'est un des plus notables éléments actuels du parc. Le "temple d'Erdmann" fut construit en 1867 ou un peu après, la statue "Germania" érigée en 1874, plus tard colonne de la victoire et un bloc naturel proche de l'entrée nord apporté en 1915.

La maison de thé (Herbaciarnia) ou "Ruine"


Pokoj Bad Carlsruhe, la maison de thé - Herbaciarnia
photo Tomasz Gatnikiewicz

Pokoj Bad Carlsruhe, la maison de thé - Herbaciarnia
photo nilssen

La maison de thé était communément appelée "la ruine", car elle a toujours été connue sous cet aspect, s'étant partiellement effondrée peu de temps après son achèvement. Elle fut construite en 1776/1777 par l'inspecteur des bâtiments Heller sur les plans de Schirrmeister (l'architecte du château). Elle intégrait une pompe qui devait puiser l'eau dans le fossé circulaire, que franchissaient deux ponts, et la faire jaillir de bouches de dauphins et de canard colorées. Le bâtiment circulaire était coiffé d'un toit conique. Mais les deux ponts se sont effondrés, entraînant d'autres dommages. Le bâtiment a été laissé définitivement en l'état. Regehly, page 57, attribue l'effondrement à une épaisseur insuffisante à la base. Mais la partie circulaire supérieure à six fenêtres étroites, partie que l'on remarque sur les vues, repose sur un socle massif en croix à quatre rameaux voûtés très robustes. Je verrais plus globalement un manque de stabilité de la butte, qui avait été constituée par terrassement sur un sol assez meuble dont la cohésion ne peut que souffrir de l'imprégnation par l'eau du fossé circulaire qui l'entoure.

Le lion endormi


Pokoj Bad Carlsruhe, le lion endormi
photo adams-r

Pokoj Bad Carlsruhe, le lion endormi
photo maciekm46

 

Le lion endormi

 

Le lion a tout une histoire, détaillée ici lien externe (en allemand). Il a été sculpté par Theodor Erdmann Kalide lien externe (1801-1863), coulé à Gliwice et installé dans le parc en 1857 ou 1863. Il représente la paix retrouvée après les guerres napoléoniennes (d'où le symbole de son sommeil). La suite n'est pas très claire : il aurait été déplacé dans une autre ville, puis réinstallé après la guerre. Cette statue a d'ailleurs été coulée en au moins deux exemplaires.

 

Autres statues et stèles


Pokoj Bad Carlsruhe, Diane
photo Lollencja (licence Creative Commons)

Pokoj Bad Carlsruhe, monument d'Eugène
photo kedd57ekstgt

statue de Diane (1790)

 

monument à la mémoire du duc Eugen (1850)

Les statues du parc ont été défigurées au lendemain de la guerre, pour exorciser l'emprise du conquérant prussien. La logique du geste se comprend pour la statue de Frédéric le Grand de la deuxième partie du jardin anglais. Mais, dans leur fureur iconoclaste, les nouveaux habitants s'en prirent aussi aux statues des divinités romaines, dont celle de Diane ci-dessus.   En revanche, la stèle à la mémoire du duc Eugen fut considérée comme monument catholique et épargnée.

Soubassement du temple d'Erdmann et socle de la colonne de la victoire

Le temple (ou gloriette) d'Erdmann fut édifié vers 1869 dans l'axe de l'allée centrale du jardin français. Il a été détruit mais on voit son soubassement rond et, en son centre, le socle en pyramide tronquée ; une statue reposait dessus : sur la photo ci-après, on devine les débords du socle de part et d'autre de la colonne qui en masque le reste - sur une autre photo ancienne, socle et statue sont bien visibles.

La statue Germania, une femme tenant une couronne de lauriers, fut érigée en 1874 pour célébrer la victoire prussienne de 1870 sur la France, qui ouvrait à la création du Reich allemand. En 1908, la statue fut réinstallée à proximité et une haute colonne dressée sur son socle, surmontée d'un aigle aux ailes déployées, bien plus martial : ce monument devenant la colonne de la victoire. Les sites allemands la dénomment Siegessäule (colonne de la victoire) ou Siegesdenkmal (monument de la victoire), alors que les sites polonais parlent de "Germania".   Évidemment ce symbole appuyé de la grandeur prussienne ne passa pas l'annexion par la Pologne en 1945.

Sur le site Parki i ogrody lien externe, en bas de page, la photo n° 18 montre l'état actuel du soubassement du temple d'Erdmann et la photo n°21, le socle de la colonne de la victoire.   On y voit également des photos de la plupart des statues énumérées ci-dessous, celle du bloc de pierre etc...

Autres statues : B bloc de rocher ("Findlingsblock") posé en 1915, portant un médaillon à la mémoire de Mathilde, épouse du prince Eugen Erdmann, apposé en 1927  -  W buste du prince Guillaume (reste le piédestal renversé)  -  P monument de Meltzer de 1791 : déesse de la paix couronnant Frédéric-Guillaume II (reste le socle et la déesse sans sa tête)  -  M Statue de Minerve, avec le trophée de la tête de Gorgone contre sa jambe (conservée, sans la tête)  -  A statue d'Apollon (sans la tête)  -  V Vénus (sans la tête)
Le Blitzberg (repère Bz) est un petit monticule de quelques mètres de haut, d'où l'on avait une vue générale du parc, aujourd'hui occultée par la végétation. Une quinzaine de blocs de pierre sont posées sur son sommet.

 

 

deuxième partie du parc : le jardin anglais, entre la route et les étangs

Le jardin anglais à proprement parler (voir les étapes de création ci-dessus) est la partie conçue par l'Hofgärtner Kloeber au-delà du Weinberg. C'est là qu'étaient réunies toutes les fabriques créées en 1780/1787.   De cette période classique, la seule fabrique conservée est la tour-fanal sur la digue de l'étang d'Hélène. Les emplacements de deux autres sont bien marqués : la butte du temple d'Apollon, au bord du petit étang, où a été construit à sa place le temple de Mathilde ainsi que la butte du Salon, avec des caves dans son soubassement (cette seconde butte est importante mais difficile à repérer sur les vues aériennes). Toutes les fabriques en bois (volière, laiterie, temple païen etc..), fragiles de par leur matériau, ont disparu, sans doute dès la première moitié du 19eme siècle ou un peu après (8). La ruine gothique et l'Élysée sont assez bien conservés, avec des restes imposants; mais ils remonteraient plutôt à 1800 et pas à la période "classique" de 1780/1787.

Bord de l'étang d'Hélène


Pokoj Bad Carlsruhe, bord de l'étang d'Hélène
photo dziubaa

Au-delà du Weinberg, la suite du parc se développe au bord d'un chapelet d'étangs, juste séparés par des digues. Ils furent créés par des terrassements effectués après la prise de possession par les Œls-Wurtemberg. Ils portent des prénoms féminins que je présume être ceux de membres de la famille, comme Mathilde : étang d'Hélène, de Wilhelmine, d'Anna, de Pauline, de Zofia et aussi d'Auguste. L'étang d'Hélène est le premier que l'on rencontre, suivi par le plus vaste : l'étang de Wilhelmine / Mathilde (9).

L'étang d'Hélène n'a été complètement creusé qu'en 1790. À la création du jardin anglais, c'était une prairie, avec une pièce d'eau rectangulaire dans l'axe du pavillon du Weinberg, au bout de laquelle fut dressée vers 1780/1785 la tour fanal (TF). Elle est repérée sous le nom de Leuchtturm sur le plan de Becker de 1797.

 

Le tunnel /grotte de l'Élysée


Pokoj Bad Carlsruhe, le tunnel-grotte de l'Élysée
photo kyrzy

L'Élysée que l'on découvre aujourd'hui résulte de l'ajout en 1825 d'un mur circulaire avec niches, au "Labyrinthe" de 1780/1785. Sans récit de cette transformation, on ne dispose pour interpréter l'ensemble, que des descriptions d'époque du labyrinthe et de rares photos des reliquats.

Dans son état de 1780/1785, le labyrinthe conduisait par des haies à l'entrée d'un tunnel maçonné; on y pénétrait, sensation un peu angoissante, pour en ressortir face à un environnement bucolique, avec parterre de fleurs. Ce tunnel (qui remonte à 1780/1785) s'inscrivait très probablement dans le volume d'une butte car un souterrain excavé se serait rempli d'eau; il débouchait sur les "Champs Élysées" (Elysium), lieu promis aux gens vertueux dans l'autre monde (10). Le tunnel symbolise bien entendu le cheminement de la descente aux Enfers.   Ne pas confondre ce labyrinthe du jardin anglais, de 1780, et celui du jardin français, de 1770 - l'un et l'autre, n'étant que des plantations, ont disparu.

Le mur ajouté en 1825 est plus difficile à interpréter. On ne trouve que des bribes d'information. La construction de ce mur changerait du tout au tout l'esprit du lieu : les niches auraient abrité des bustes de généraux prussiens, faisant face à la statue de Frédéric II. Cette mise en scène nationaliste remplacerait donc l'esprit humaniste de la période antérieure. La réinstallation ultérieure de la statue de Frédéric II sur la butte de Minerve va dans le sens de ce scénario.

 

Statue de Frédéric le Grand

Pokoj Bad Carlsruhe, statue de Frédéric II
photo Sławomir Wołowiec

Cette statue de Frédéric le Grand (Frédéric II de Prusse) a été érigée en 1790. Elle se trouve aujourd'hui sur la butte de Minerve, où elle a été déplacée depuis sa position initiale, peu éloignée. Elle a été décapitée à la prise de possession par la Pologne. Sur des photos de 2015, le socle a été restauré; la statue est retirée, vraisemblablement pour sa restauration en atelier  -  Certaines sources indiquent par erreur que c'est la statue de Frédéric-Guillaume II, neveu de Frédéric II et son successeur. La statue serait de Stein, sculpteur de Breslau (pas de référence trouvée).

 

Le temple de Mathilde


Pokoj Bad Carlsruhe, le temple de Mathilde
photo Sławomir Wołowiec

Pokoj Bad Carlsruhe, le temple de Mathilde
photo Sławomir Wołowiec

 

au bord de son petit étang

Le temple de Mathilde

la coupole

 

Le temple de Mathilde date de 1826. Il a été construit en l'honneur de la princesse Mathilde von Waldeck (1801-1825), première épouse du prince Eugène. Il remplace le temple d'Apollon, remontant au début des fabriques, construit à ce même emplacement et qui s'était effondré. L'île où il était édifié (devenue une simple avancée du rivage) s'appelait l'Île d'Apollon (Apollo-Insel) et, au tout début, le Parnasse. Le temple avait été restauré en 1934 mais souffre évidemment beaucoup de l'humidité.

 

La ruine gothique


Pokoj : la ruine gothique du Weinberg
photo Tomasz Grzegorzek

Cette fausse ruine n'est pratiquement jamais présentée; une seule fois et a minima. Il n'est pas facile d'établir si sa construction remonte à 1780 ou plus tard, à 1800 (11). Elle servit de décor de fond à des représentations théâtrales données dans les jardins à partir de 1820. Elle est entre le Weinberg et de l'étang d'Hélène; la localisation que je propose en (RG), déduite d'une carte postale, est incertaine.

 

L'étang de Wilhelmine / Mathilde et l'île de l'obélisque


Pokoj : l'île de l'obélisque au milieu de l'étang de Wilhelmine
photo dziubaa

Le jardin anglais se terminait au rivage sud-ouest de l'étang de Wilhelmine, fusionné aujourd'hui avec l'étang de Mathilde (9 bis). L'obélisque est sur une île au milieu de l'étang, donc assez nettement au-delà du jardin anglais stricto-sensu. Je ne sais pas à quel moment il a été érigé, je présume que c'est dans la seconde partie du XIX° siècle car sa facture semble de cette époque et il n'est pas cité dans les descriptions anciennes.   La photo ci-dessus montre presque certainement l'île de l'obélisque; sur la vue agrandie on discerne plus ou moins celui-ci, au milieu de l'île. Il est bien mieux visible sur les photos prises en hiver.

 

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Vues anciennes des fabriques et d'autres éléments
 

Si Wikimedia ne compte pas de vues récentes, on trouve en revanche plusieurs vues anciennes sous licence Creative Commons lien externe. Elles sont tirées de l'ouvrage "Alt-Schlesien - Architektur, Raumkunst, Kunstgewerbe" (Stuttgart, 1910) du photographe d'atelier Heinrich Götz lien externe (1866-1931). Ces vues dont d'autant plus intéressantes qu'elles montrent des éléments disparus ou très dégradés. En cliquant sur les images, vous ouvrirez dans une nouvelle fenêtre la page de Wikimedia.

 

Le temple (ou gloriette) d'Erdmann


Pokoj : le temple d'Erdmann
photo Heinrich Götz

 

 

Le Weinberg

Le Weinberg s'appelle aujourd'hui Winna Góra, lieu-dit mentionné sur les cartes, situé à la charnière entre la première et la seconde partie du parc, avant le jardin anglais. Winna Góra veut dire "colline du vin", c'est à dire Weinberg (winna n'est pas exactement wina "le vin" mais en est proche).


Pokoj Bad Carlsruhe, le Salon du Weinberg
photo Heinrich Götz

Pokoj Bad Carlsruhe, l'intérieur du Salon
photo Heinrich Götz

 

extérieur

Le pavillon du Weinberg, dit "Salon"

intérieur

 

Le pavillon (ou "Salon") du Weinberg, que l'on voit sur la photo ci-dessus, fut construit dès 1780, lors de la création du jardin anglais. Lorsqu'ils se promenaient dans cette partie du parc, le duc, son entourage et ses hôtes pouvaient s'y abriter et y prendre une collation. En 1923, il devint un salon de thé pour les promeneurs, ce qui est finalement le même usage élargi à la nouvelle fréquentation du parc. Il fut rasé après la seconde guerre mondiale.   Si le Weinberg est bien localisé, l'emplacement du pavillon est difficile à repérer : jamais précisé dans les descriptions actuelles, je déduis sa position de cartes postales où on le voit sur une butte au bord d'un étang.

 

La "maison de poupée"


Pokoj :
photo Heinrich Götz

Puppenhaus

Par ailleurs, une carte postale mentionne que cette petite construction est "dans le parc". Il n'en est pas fait mention dans les descriptions de la fin du 18° siècle. Son architecture ressemblant à celle de la salle de concert, on peut supposer qu'elles sont de la même époque, voire du même architecte ... ce qui ne nous livre pas de date précise.

 

le bourg


Pokoj Bad Carlsruhe, une maison de chevalier
photo Heinrich Götz

Pokoj Bad Carlsruhe, la salle de concert
photo Heinrich Götz

Une des maisons de chevalier

 

La salle de concert

"Chevalier" : personne appartenant à la noblesse, au degré le moins élevé. C'est une catégorie sociale. Ces maisons (Kavaliershaus) étaient construites en premier rang sur le pourtour de la place du château.

 

l'île et le château de Sophie  -  le palais suédois

Ce sont les premiers bâtiments de plaisance construits dans le voisinage du château principal, sans doute pour offrir quelque distraction en dehors de la chasse, en particulier aux dames : carte de leur emplacement

Le château et l'île de Sophie (prénom de l'épouse du duc Carl Christian) furent aménagés entre 1755 et 1758 sur le bord de l'étang du même nom, au bout de l'allée forestière formant le huitième rayon en étoile de la place du château (les sept autres sont des routes) et passant en chemin par la "croix d'Erdmann", un carrefour forestier également à huit allées rayonnantes. Je n'en ai trouvé aucune vue. On y organisait des fêtes, des spectacles de danse. En 1763, un canal pour gondoles fut creusé, réunissant l'étang de Sophie et l'étang suédois, ce qui montre bien qu'ils fonctionnaient en tandem comme lieux de distractions, avant la création du jardin anglais. Le château de Sophie fut rasé en 1840; on peut présumer que les distractions champêtres étaient passées de mode, et qu'un recentrement sur le pourtour des étangs d'Hélène et de Wilhelmine s'était opéré.

Le palais ou château suédois, de 1767, au bord de l'étang du même nom, ne tirerait pas son appellation de la ressemblance, réelle, avec des demeures de ce pays de la même époque (c'est sans doute juste le style du Nord du moment) mais du fait qu'un canon aurait été abandonné là par les Suédois, sans doute vers 1660 lors de la Grande guerre du Nord lien externe.   Voir des photos du palais suédois lien externe; cette page indique qu'il a brûlé en 1912 après avoir été frappé par la foudre.

 

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Détails pratiques
 

Pokój est à mi-chemin entre Namysłow et Opole, sur la route 444.     Le parc dans Google Earth Google Earth

Le parc n'est pas enclos, on peut y accéder en permanence; en contrepartie, on peut y trouver des trous et des dépôts d'ordure. Il n'y a pas de parc de stationnement de prévu. Prendre garde au terrain instable au voisinage des étangs.

 

Liens

 

Ouvrages     ces deux ouvrages d'époque en allemand sont imprimés en caractères gothiques, difficiles à lire et à océriser; certainement consultés pour la rédaction des sites en polonais détaillés mais jamais cités

 

Articles de revues

 


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droits réservés de l'auteur, Dominique Césari  -  crédits photographiques Wikimedia Commons / Panoramio mentionnés dans le texte
Page créée le 3 avril 2017, mise à jour le : 13 octobre 2017
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Notes

1   Silésie prussienne
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Imago Mundi : la Silésie lien externe « Cette province du royaume de Prusse, comprenait, outre la partie de la Silésie conquise en 1742, le comté de Glatz, une partie de la Haute-Silésie enlevée à la Saxe par le traité du 9 juin 1815. La superficie était de 40.307 km², la population atteignait 4,5 millions d'habitants en 1895, soit 109 h/km². L'administration très fiscale, mais bien ordonnée, la tolérance religieuse, gagnèrent la Silésie à ses nouveaux maîtres. Elle fut un des foyers les plus ardents du patriotisme prussien en 1813 et 1866-1870.»     carte du sud-est de la Silésie en 1905

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2   les branches des ducs de Wurtemberg
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La maison de Wurtemberg lien externe compte plusieurs branches. Le duc Carl Christian Erdmann von Württemberg-Œls était d'une branche cadette. Les ducs sont aussi princes car le Wurtemberg était un état souverain et le duc régnant était roi. L'ouvrage de Regehly comporte la généalogie des Württemberg-Œls. Voir également la vie des ducs : Das herzogliche Haus Württemberg zu Carlsruhe in Schlesien, par Friedrich-Carl Esbach, Stuttgart, W. Kohlhammer 1906 - sur Googlebooks lien externe. D'ailleurs, on écrit Wurtemberg en français et Württemberg en allemand, joie des exonymes ! Mais alors, comment se fait-il que le duc fût possessionné du fief d'Œls lien externe en Basse-Silésie, rattachée à la Bohême puis territoire prussien ? subtilité des dévolutions et allégeances féodales et de la persistance des principes de souveraineté lors des annexions par la Prusse ...

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3   George Ludwig Schirrmeister (1716-1784) (ou parfois Georg Schirmeister)
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Étudie le droit à Halle, devient conseiller du duc de Wurtemberg-Œls. Apprend l'architecture auprès de Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff lien externe. Il semble qu'il ait été en parallèle directeur des bâtiments pour l'administration prussienne et architecte, ayant principalement opéré en Silésie, à Breslau (la forteresse), Œls, Bernstadt (Bierutów). Travaille en tant qu'architecte sur le château ducal d'Œls et à Carlsruhe, où on lui doit, outre le château, l'église luthérienne et les huit routes rayonnantes avec des cercles concentriques de rues, schéma d'aménagement urbain en vogue à la fin du baroque et pendant la période néo-classique. Sources : Biographisches Handbuch der preußischen Verwaltungs par Rolf Straubel - étude de Marta Adamska sur J-M Pohlmann - sur le site Olesnica de Marek Nienałtowski : Zamek Wirtembergów et Oleśnica Wirtembergów Également, étude Geometrie und Stadtgestalt de Gisela Leisse, sous-chapitre sur la conception des ronds points de chasse de Carlsruhe par Schirrmeister; mentionne la faune sauvage et les moyens pour en protéger le Thier-Garten.

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4   la Haute-Silésie après le traité de Versailles
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Après la première guerre mondiale, l'attribution de la Haute-Silésie devait être l'objet d'un vote d'autodétermination de la population, le plébiscite de Haute-Silésie lien externe. Dans le cadre du contrôle de la région en vue de l'organisation du vote, des troupes françaises lien externe ont stationné en 1920 à Pokój ! À Carlsruhe/Pokój, la majorité en faveur du maintien dans l'Allemagne fut écrasante (98,7 %) car le bourg, créé ex-nihilo, s'était peuplé avant tout d'habitants d'origine allemande. Pour l'ensemble de la Haute-Silésie, le vote fut nettement en faveur du rattachement à l'Allemagne mais dans certaines zones on avait enregistré une majorité substantielle en faveur de la Pologne. La tension entre les deux pays fut extrême, une guerre informelle entre corps francs se déroula dans la zone contestée. En 1922, la Société des Nations obtint des deux États un accord de partage, la partie la plus à l'est (la plus peuplée et la plus industrielle, houille et acier, autour de Katowice) allant à la Pologne. Oppeln, dans le district de laquelle se trouve Carlsruhe, devint le siège administratif de la zone attribuée à l'Allemagne. Le nationalisme y trouvait un terrain favorable. À la veille de la seconde guerre mondiale, la Nuit de cristal lien externe vit l'incendie de la synagogue de Carlsruhe, suivi de l'exil de la communauté juive.

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5   Klöber (ou Kloeber)
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Hofgärtner lien externe de Carlsruhe, c'est à dire jardinier-paysagiste attitré du prince. On trouve peu de mentions de lui, si ce n'est son nom avec sa fonction à Carlsruhe dans ce qui semble être un annuaire des francs-maçons, "Unächter Acacien-Baum" (Leipzig, 1796) et déjà cité avec le grade supérieur d'Oberhofgärtner dans celui de 1794. Comme vous pouvez le lire dans l'article Wikipedia, les Hofgärtner forment une corporation organisée, qui transmet volontiers la fonction dans la famille. Par ailleurs, on cite bien davantage August von Klöber lien externe, peintre, né à Breslau, à une ou deux générations suivantes, son descendant probable.

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6   influence franc-maçonne partielle
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il me semble qu'on peut parler d'une touche d'inspiration mais pas de fil conducteur du parc : on a vu ci-dessus que l'Hofgärtner Kloeber apparaît dans ce qui semble bien être un annuaire de franc-maçons (le titre d'Acacien-Baum est révélateur). Je ne trouve pas de trace d'appartenance du duc-prince Carl Erdmann. Mais le milieu était pétri de l'ouverture d'esprit que faisait souffler la franc-maçonnerie (le gendre du duc était maître d'une loge de première importance, etc..); ce milieu était aussi saisi d'engouement pour d'autres sociétés plus ou moins secrètes friandes de symboles, comme les Illuminati, les Rose-Croix etc ... L'Élysée et le cheminement dans le tunnel sont une référence maçonne forte (voir note 10); mais on ne peut pas imaginer que Kloeber l'ait glissée sans que le duc l'ait perçue comme telle de façon transparente; je crois plus à un dialogue, où Kloeber a proposé un schéma, en en mentionnant l'origine et la portée et que le duc l'ait validé.

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7   les statues de divinités antiques
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Il est difficile de clarifier le moment et le lieu de leur installation, ainsi que les déplacements ultérieurs. Sous réserve, il semblerait que ces divinités (Minerve, Vénus, Apollon, ..) aient été installées sur des socles vers 1780/1785 (sans certitude sur cette date) dans le jardin anglais. Puis qu'elles aient été déplacées, à un moment non précisé, dans la suite du jardin français, où leurs restes mutilés se trouvent aujourd'hui.

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8   la volière chinoise en photo !
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en suivant le lien cartes et photos anciennes, on découvre cette photo, forcément tardive, vraisemblablement postérieure à 1880. La volière, d'ailleurs plus banale sur cette vue que sur la gravure de Becker, restait en phase avec le style du parc à cette période (à en juger par les nombreuses cartes postales), ce qui justifierait qu'elle ait été entretenue. Les passerelles cintrées en bois, dont l'assise est dans l'eau, sont très vulnérables : par exemple, à Betz, on voit qu'elles ont été remplacées par des ouvrages en fer (qui se dégradent également ...). D'après Regehly, il y avait aussi une volière d'hiver (Winter-Vogel-Haus, p 116); en effet, les oiseaux n'auraient pas supporté les hivers rigoureux dans la volière chinoise très aérée.

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9   l'étang de Wilhelmine / Mathilde
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L'étang de Wilhelmine (le plus proche) et celui de Mathilde (plus au fond du domaine) étaient séparés par une digue. Ils furent réunis après la seconde guerre mondiale par la suppression de la partie centrale de la digue. Les deux noms sont conservés sur les cartes les plus détaillées mais sur les cartes courantes (comme Google Maps) on ne lit que le nom d'étang de Mathilde, peut-être pour gommer le nom le plus prussien.
L'étang d'Hélène et l'étang de Whilelmine / Mathilde sont séparés par une digue-chaussée, le long de laquelle se trouve un élargissement où est érigée la tour-fanal. Un pertuis laissé libre dans la digue les fait communiquer.

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10   l'Élysée dans les jardins anglo-chinois
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Ce lieu évoque l'Élysée lien externe (ou Champs Élysées) des anciens. La plus ancienne mention remonte à Homère, au chant IV de l'Odyssée mais cette vision n'est pas unifiée lien externe. Le thème lien externe a été repris dans la littérature tant ancienne que moderne, en musique, en peinture. Au XVIII° siècle, le sens est double : lieu idyllique ou cimetière.   On trouve un Élysée lien externe dans nombre de parcs de l'époque, par exemple Mauperthuis, Stowe, Dessau-Worlitz et Wilhelmshöhe, ou, géographiquement plus proche, Arkadia. En général, c'est un lieu paisible soigneusement entretenu, planté de massifs de fleurs. Mais il va plus loin à Carlsruhe comme à Mauperthuis, en ajoutant un cheminement symbolique dans un tunnel débouchant sur les Champs élyséens : c'est une référence implicite très forte au voyage initiatique d'Orphée descendant aux Enfers, réitéré par Énée dans l'Énéide de Virgile. La franc-maçonnerie l'a intégré dans ses rites. L'inspiration franc-maçonne est établie à Mauperthuis, le complexe grotte/tunnel/pyramide ouvrant sur "les Élysées" y servait à des initiations; elle est indubitable à Arkadia. À Carlsruhe, elle me paraît hypothétique, voir la note (6).

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11   date de construction de la ruine gothique
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La date approximative de 1800 semble plus probable. En effet, si 1780 est cité sur le site des parcs naturels de Pologne, je n'ai pas trouvé de mention de cette ruine dans les ouvrages de Becker et Regehly de 1797-1799.   La belle vue ci-dessus n'en montre que la partie la plus imposante, elle se poursuit sur une centaine de mètres de long par de faux remparts ruinés moins élevés.

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12   Wilhelm Gottlieb Becker (1753-1813)
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directeur de musée et enseignant du supérieur lien externe à Dresde, auteur de nombreux ouvrages à l'intention des amateurs d'art, dont l' "Augusteum ou description des monumens antiques qui se trouvent à Dresde" (en français).   Son "Taschenbuch zum geselligen Vergnügen", publication fleuve, est le plus connu.

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13   Johann Christian Benjamin Regehly
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Il fut le premier pasteur de Carlsruhe, arrivé en 1765. Son ouvrage publié en 1799 est signé "von dem Prediger Regehly dem Jungern" (pasteur Regehly le Jeune). On trouve en effet mention d'un Regehly l'aîné. Vous remarquerez que j'ai traduit "Prediger" par "pasteur". Le prediger est un genre de pasteur subalterne, ayant en charge une subdivision territoriale d'un ensemble plus large, à la tête duquel se trouve un pasteur en titre. Je ne sais pas si cette distinction a toujours cours, elle correspond à un contexte où la population protestante était dense.

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